Lombalgie : le CNGE ne recommande pas l’utilisation des opioïdes, même "faibles" en première intention
Leurs conclusions vont dans le sens d’une limitation de ces traitements en première intention dans cette indication. En effet, si les antalgiques opioïdes (codéine, poudre d’opium, morphine, ou tramadol) sont indiqués dans les douleurs aiguës sévères supérieures ou égales à 6/10 sur l’échelle numérique, l’analyse de la littérature récente scientifique ne met pas en évidence de preuve d’efficacité, et la balance bénéfice/risque n’est pas positive. Ainsi, une méta-analyse de 2023 (Wewege MA,et al. BMJ 2023;380:e072962) a concerné le tramadol. Les résultats n’ont pas montré de supériorité de cette molécule ou de l'association paracétamol/tramadol versus placebo sur l’intensité de la douleur dans la lombalgie aiguë, "tout en étant associé à un plus grand risque d’effets indésirables", indique le CNGE. Un autre essai publié en juin 2023 a porté sur l’oxycodone (Jones CMP, et al. Lancet 2023;402:304-12). De même, il a montré que l’efficacité sur la douleur à 6 semaines de ce médicament (ou de l’association oxycodone/naloxone) chez des patients ayant une lombalgie aiguë (moins de 12 semaines), n’était pas différente de celle du placebo. En outre, il était associé à plus de mésusage à 1 an (20% versus 10%, p = 0,049). Le CNGE constate, par ailleurs, l’absence d’essai sur la douleur à court terme, et l’absence de différence d’efficacité entre les différents principes actifs opioïdes. A l’opposé, il souligne le "risque élevé de développement d’un trouble de l’usage des opioïdes". Ainsi, selon une méta-analyse de 2018 (Higgins C, et al. Br J Anaesth. 2018;120:1335‑44), 4,7% des patients recevant un antalgique opioïde avaient, au cours de leur traitement, un diagnostic de novo de trouble de l’usage des opioïdes. Les membres du Collège concluent donc que les antalgiques opioïdes ("faibles" comme "forts") ne sont pas recommandés comme traitement de première intention dans la lombalgie aiguë. Dans ce contexte, ils rappellent l’importance d’informer les patients sur l’évolution naturelle de la lombalgie commune, généralement "spontanément résolutive en moins d’un mois", ainsi que sur "l’absence d’efficacité à 2 semaines des opioïdes et du risque élevé d’effets indésirables".
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