Maladie de Parkinson : efficacité d’une "neuroprothèse" contre les troubles de la marche
Cette collaboration franco-suisse avait déjà permis, en 2016, de mettre au point une interface cerveau-moelle épinière – ou "neuroprothèse" – qui avait permis de restaurer la marche à des sujets paralysés du fait de lésions de la moelle épinière. Les scientifiques ont ensuite décidé de se concentrer sur la maladie de Parkinson. "L’idée de développer une neuroprothèse stimulant électriquement la moelle épinière pour harmoniser la démarche et corriger les troubles locomoteurs de patients parkinsoniens est le fruit de plusieurs années de recherche sur le traitement de la paralysie due aux lésions médullaires", retrace Erwan Bézard, directeur de recherche Inserm à l’Institut des maladies neurodégénératives (université de Bordeaux/CNRS). Ces troubles comprennent en particulier des pertes d’équilibre, et le freezing (pieds qui restent collés au sol pendant la marche), entraînant de fréquentes chutes. "Des tentatives précédentes de stimulation de la moelle ont échoué car elles stimulaient en bloc les centres locomoteurs sans tenir compte de la physiologie. Dans le cas présent, il s’agit d’une stimulation qui se superpose au fonctionnement naturel des neurones de la moelle en stimulant, avec une coordination spatiotemporelle, les différents groupes musculaires responsables de la marche", ajoutent Grégoire Courtine et Jocelyne Bloch, codirecteurs de NeuroRestore, le centre de recherche installé en Suisse romande. Et leurs travaux ont porté leurs fruits. Car un premier patient a pu en bénéficier, et avec succès. Ce malade, âgé de 62 ans présente une maladie de Parkinson d’apparition précoce (il y a 30 ans). Il a été implanté en Suisse de la neuroprothèse. Celle-ci est constituée d’un champ d’électrodes placé contre la région de sa moelle épinière qui contrôle la marche et d’un générateur d’impulsions électriques implanté sous la peau de son abdomen. En envoyant des stimulations, ces électrodes remplacent en quelque sorte le cerveau lésé par la maladie, les impulsions s’adaptant en temps réel aux mouvements du patient. Le dispositif a entraîné rapidement une amélioration très nette des troubles de la marche. Et, après une rééducation de quelques semaines avec la neuroprothèse, le patient a retrouvé une marche "presque normale" complète l’Inserm dans un communiqué. Les auteurs de cette prouesse sont conscients que d’autres neuroprothèses et d’autres patients sont nécessaires pour confirmer l’efficacité de cette technique, l’optimiser, et la développer sur le plan commercial. Mais ces travaux sont porteurs d’espoirs pour de nombreux patients. "Notre ambition est de généraliser l’accès à cette technologie innovante afin d’améliorer significativement la qualité de vie des patients atteints de la maladie de Parkinson, partout dans le monde", concluent les chercheurs.
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