Résultats d’une enquête sur l’utilisation des hormones thyroïdiennes chez les patients hypothyroïdiens et euthyroïdiens au Royaume-Uni

02/03/2023 Par Pr Philippe Chanson
Endocrinologie-Métabolisme
La prévalence, au Royaume-Uni, de l’hypothyroïdie est estimée à environ 3.6 %, allant de 1 enfant sur 1000 à 1 sur 10 adultes âgés de plus de 70 ans. Sa prise en charge fait l’objet de controverses du fait du coût des traitements et de l’incertitude scientifique sur la manière de répondre à l’insatisfaction thérapeutique de certains patients. Une équipe anglaise a donc lancé une enquête dans l’objectif d’analyser l’expérience et les préférences des endocrinologues britanniques vis-à-vis de l’utilisation des hormones thyroïdiennes. Il s’agissait d’un questionnaire sur Internet.

Le taux de réponse a été de 21 % (272/1295). Alors que la monothérapie par la lévothyroxine est considérée comme le traitement de choix de l’hypothyroïdie, 51 % des répondeurs ont indiqué qu’un traitement combinant T4 et T3 pourrait être envisagé chez les patients traités par T4 et dont les symptômes persistent malgré la normalisation de la TSH. Toutefois, seuls 40 % de ceux-ci prescrivent actuellement ce type de traitement mixte, T4 + T3, et seuls 23 % le prendraient pour eux-mêmes s’ils étaient dans la situation de leurs patients. Une petite minorité prescrit des extraits thyroïdiens et ceux qui le font ont généralement plus de 60 ans. La plupart de ceux qui répondent au questionnaire indiquent qu’ils n’ont aucune influence sur la marque ou la formulation de lévothyroxine qui est donnée à leurs patients, considèrent qu’il n’y a pas de différence majeure dans l’efficacité entre ces diverses formulations. Un total de 9 % prescriraient de la lT4 chez les patients euthyroïdiens dont le goitre augmenterait de taille et 29 % chez des femmes euthyroïdiennes et infertiles qui auraient des titres élevés d’anticorps anti-TPO, alors même que des études récentes n’ont pas montré de bénéfice à cette stratégie. En conclusion, en Grande-Bretagne, la prise en charge par les endocrinologues de l’hypothyroïdie est globalement en ligne avec les recommandations internationales. Toutefois, une minorité de ceux qui ont répondu au questionnaire considéreraient la possibilité d’une supplémentation par les hormones thyroïdiennes chez des sujets euthyroïdiens dans des cas d’infertilité féminine, de goitre augmentant de taille ou d’autres indications pour lesquelles il n’y a pas de preuve d’efficacité. Le souhait de considérer la possibilité de prescrire une combinaison de T4 et de T3 pour des symptômes d’hypothyroïdie qui persisteraient malgré la normalisation de la TSH a augmenté en comparaison des enquêtes internationales préalables, là encore malgré l’absence de bénéfice démontré.

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