Se méfier de la survenue d’un accident veineux thromboembolique en cas de prescription d’un traitement par testostérone chez un homme

19/02/2020 Par Pr Philippe Chanson
Endocrinologie-Métabolisme
La testostérone est de plus en plus prescrite chez les patients qui n’ont pas d’hypogonadisme. Or ce traitement pourrait être associé à une augmentation du risque d’événements veineux thromboemboliques via différents mécanismes dont l’élévation de l’hématocrite qui augmente la viscosité sanguine.
 

Afin de savoir si le traitement par la testostérone pouvait être associé à une augmentation du risque à court terme d’événement thromboembolique veineux (VTE) chez les hommes ayant ou non un hypogonadisme, une étude transversale a été menée à partir d’une base de données portant sur des hommes traités par testostérone entre janvier 2011 et décembre 2017. Les hommes qui avaient eu des VTE et qui n’avaient pas de cancer et pour lesquels on disposait de 12 mois de données avant le VTE ont été identifiés par les codes de classification internationale des maladies. Les hommes dans la période d’étude ont été appariés avec eux-mêmes dans la période témoin. Un total de 39 622 hommes, d’âge moyen 57.4 ± 14.2 ans, ont été inclus dans cette étude dont 3 110 (7.8 %) avaient un hypogonadisme documenté. Dans les modèles ajustés à l’âge, le traitement par testostérone est associé à un risque supérieur de VTE chez les hommes, avec des odds ratio de 2.32 (IC 95 % = 1.97 – 2.74) lorsqu’ils avaient un hypogonadisme et de 2.02 (1.47 – 2.77) lorsqu’ils n’avaient pas d’hypogonadisme. Chez les hommes qui n’avaient pas d’hypogonadisme, c’était néanmoins pendant la période de 3 mois après la mise en route du traitement par la testostérone que le risque était supérieur chez les hommes de moins de 65 ans (OR = 2.99 ; 1.91 – 4.68) en comparaison des hommes plus âgés (OR = 1.68 ; 0.90 – 3.94) même si cette interaction n’était pas statistiquement significative (p = 0.14). En conclusion, le traitement par testostérone est associé à une augmentation du risque à court terme des VTE chez les hommes ayant ou non un hypogonadisme l’on peut penser que l’association est plus prononcée chez les hommes les plus jeunes. Ces données suggèrent donc qu’il faut se méfier de la survenue d’un accident veineux thromboembolique lorsqu’on prescrit un traitement par testostérone chez un homme, qu’il ait ou non un hypogonadisme.

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