Alors que la crise sanitaire a révélé un système de santé "à bout de souffle", l’Ordre infirmier a lancé en janvier dernier une consultation auprès des infirmières inscrites au tableau afin de trouver des solutions pour améliorer d’une part le système, l’accès aux soins, mais aussi les conditions de travail de ces professionnelles, particulièrement éprouvées par deux ans de lutte contre le Covid-19. 60.000 infirmières ont répondu à cette consultation. Ce lundi 14 février, l’instance en dévoile les résultats dans un communiqué. Sur l’accès aux soins – enjeu majeur pour la quasi-totalité des sondés, près de 9 infirmières sur dix (89%) estiment que "l’on n’a pas collectivement tiré les enseignements de la crise concernant l’organisation territoriale de l’offre de soins". Les infirmières sont forces de propositions : 93% pensent qu’il serait efficace de renforcer l’accompagnement à domicile en développant leurs compétences. Elles sont 91% à juger qu’il faudrait l’accès direct aux infirmières. Pour 69% d’entre elles, l’accès direct permettrait de désengorger les urgences. La montée en compétences apparaît également nécessaire pour améliorer la prise en charge des patients et rendre le métier plus attractif. 85% jugent efficace de "construire un parcours de carrière", "quelle que soit leur pratique et leur ancienneté". Et 84% veulent élargir le champ d’exercice des compétences (pratique avancée, transfert de compétences…). Sur le plan de la santé publique, les infirmières interrogées veulent dans leur grande majorité (91%) avoir un rôle à jouer dans la prévention des nouveaux risques en santé (maladies chroniques, santé mentale, vieillissement…). Enfin, le numérique apparaît comme un levier pour moderniser le système de santé pour 88% d’entre elles, permettant notamment de "réduire les démarches administratives".
Après avoir consulté la profession, l’Ordre infirmier a élaboré 10 propositions qu’il présentera aux candidats à la présidentielle. La première est de "développer le premier recours infirmier". "En France, il n’existe pas de désert infirmier", justifie l’instance, qui veut aussi "permettre aux patients d'être suivis directement par un infirmier référent, coordinateur des soins". L’Ordre appelle par ailleurs à engager une "réforme de la tarification à l’activité". "La priorité est de répondre au besoin de reconnaissance et de fidélisation des infirmiers, en favorisant leur progression professionnelle par l’élargissement de leur champ de compétences, comme c’est le cas dans de nombreux pays", explique Patrick Chamboredon, président de l’Ordre. En ce sens, il veut "conférer une véritable autonomie" aux infirmières et "accéder aux demandes de la profession en matière de prévention, de prescription, et de consultation". Afin d’attirer les jeunes et valoriser la profession, la mise en place d’une logique de progression professionnelle pour la profession infirmière, à travers "l’instauration d’une véritable filière LMD [licence, master, doctorat] en soins infirmiers" est plébiscitée.
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