“A côté de la carrière d’Olivier Véran, je la joue modeste”, plaisante le Dr Philippe Cathala. Pourtant, le médecin légiste du CHU de Montpellier, qui a porté la casquette de secrétaire général au sein de l’InterSyndicale nationale des internes (Isni) aux côtés de l’actuel ministre de la Santé, n’est pas en reste. A seulement 44 ans, il vient d’être élu à la tête du Conseil départemental de l’Ordre des médecins de l’Hérault à l'unanimité par ses pairs, après avoir été son vice-président lors de la précédente mandature. Une fierté pour le praticien qui, dès son internat, avait marqué l’évolution de la profession en faisant intégrer un article au Code de la déontologie, l’article 68-1, relatif au compagnonnage*. "J'ai été surpris pendant mes études de médecine que certains praticiens ne veuillent pas d’étudiants à leurs côtés, notamment lors des consultations. Je ne trouvais pas ça normal. Il y avait une cassure dans la chaîne de connaissances, quelques-uns voulaient garder leurs techniques ou étaient juste acariâtres”, se souvient le jeune président. Interne en médecine, Philippe Cathala, fils de pharmaciens et déjà lui-même diplômé en pharmacie, est à ce moment-là désigné représentant de l’Isni au Conseil national de l’Ordre au cours d’une session jeunes médecins présidée par Patrick Bouet. Pendant cet échange, il défend l'importance de réintégrer les notions de partage des connaissances et de respect mutuel entre praticiens en poste et étudiants en médecine, deux éléments qui avaient disparu, à sa plus grande surprise, du Code de déontologie.
“Pigeons voyageurs” Une dizaine d’années plus tard, le Dr Cathala se souvient de ce moment comme l’une de ses actions les plus significatives au sein de l’institution ordinale. “J’étais très fier d’être parvenu à intégrer cet article en tant que petit étudiant.” Une expérience qui l’a également familiarisé avec “l'inertie” de l’Ordre. “J’ai été frappé par la lenteur du processus”, raconte-t-il, déplorant à l’époque le peu d’actions entreprises après la parution de l’article 68-1. “Ça reste quelque part une sorte d’administration avec ses lourdeurs.” Aujourd’hui, le légiste entend “dépoussiérer l’institution”, même s’il l’admet, ce n’est pas au niveau local que tout sera décidé. Fort d’un nouveau bureau féminisé et nettement rajeuni - la moyenne d’âge est désormais de 51 ans, contre 65 ans avant le renouvellement de la moitié des membres - le médecin veut redynamiser l’institution et l’adapter aux modes d’exercice actuels. Fini donc les courriers papiers systématiques, “presque envoyés par pigeons voyageurs", ironise-t-il. Le Dr Cathala veut être “réactif” et au plus près des attentes des 7.200 confrères inscrits à l’Ordre départemental, auquel il croit au "rôle sociétal". S’il assure que “l’expérience” et “la sagesse” des aînés demeurent indispensables, Philippe Cathala, aussi chargé d’enseignement à la faculté de Montpellier, veut renouer le lien avec les jeunes médecins et, surtout, créer un relais de générations. Il y a trois ans, le bureau du CDOM auquel il appartenait en tant que vice-président avait d’ailleurs entrepris d’offrir à tous les étudiants en deuxième année de médecine un stéthoscope et un marteau réflexe. L’ex-président du syndicat des internes de Languedoc-Roussillon (SILR) le fait savoir : il veut aller plus loin.
Défendre les intérêts des internes Cette volonté d’agir pour les autres, Philippe Cathala se rappelle l’avoir en lui depuis toujours. A 18 ans seulement, il s’engage en politique au moment où Chirac était “le patron”. Après ses études de médecine, pendant lesquelles il s'efforça de défendre les intérêts des internes, il reprend ses engagements politiques dans sa ville natale d’Aigues-Mortes (Gard). Il effectue trois mandats municipaux et devient notamment maire adjoint de la commune touristique. Là, il met en place la gratuité de la formation aux premiers secours (PSC1) pour les habitants qui le souhaitent, constatant d’énormes retards à ce sujet chez les Français. “Ça a bien fonctionné”, se réjouit-il. Ne souhaitant pas qu’il y ait de “collusion” avec son activité de président du CDOM, le Dr Cathala n’a pas souhaité poursuivre son activité politique au sein de la municipalité et y a naturellement mis fin récemment. Celui qui se décrit comme “un pur produit du Sud” écarte toute carrière nationale, trop attaché à la proximité, ajoutant toutefois : “Il ne faut jamais dire: fontaine...” Aujourd’hui, il veut se consacrer à aider ses confrères “Ma croyance et mes convictions, c’est la médecine”, assure le praticien qui aimerait pouvoir siéger par la suite au Conseil national de l’Ordre pour se “rapprocher de l’échelon où tout se décide”.
"Les réunions, je les fais donc entre midi et 14h, les conciliations et les conseils, le soir" Un engagement, reconnaît-il, qui nécessite pas mal de sacrifices. “Il faut avoir son téléphone constamment allumé. Le métier de médecin est déjà compliqué, on rajoute une couche en portant les problèmes des autres, il faut en avoir envie”, admet le Dr Cathala qui justifie le faible nombre de jeunes présidents de CDOM par cet engagement fort, difficilement compatible avec une activité qui tourne à plein régime. “J’ai beaucoup de gardes, je dois souvent me déplacer dans les commissariats. Les réunions, je les fais donc entre midi et 14h, les conciliations et les conseils, le soir, explique-t-il. Je n’ai pas d’enfant donc je peux occuper mes soirées à gérer des problèmes sans avoir de scrupules.” Déjà plus jeune, Philippe Cathala cumulait les activités. Lorsqu’il était externe en médecine, ce dernier endossait également le rôle de chef de clinique d’un laboratoire de biologie moléculaire, son unique expérience en tant que pharmacien avant de devenir médecin. Un exercice qu’il a cependant dû laisser tomber pour se consacrer à la médecine, sa véritable vocation. Le rythme ne semble toutefois pas avoir ralenti avec les années... Le jeune président s’estime malgré tout soutenu dans cette nouvelle tâche. Avec son secrétaire général, le Dr Marc Blanchard, le légiste forme un véritable tandem, ce qui lui permet de concilier exercice et engagement ordinal. “Je me repose sur lui dès que j’ai une difficulté”, indique-t-il, reconnaissant. Malgré un quotidien à cent à l’heure, le praticien est loin d’avoir envie de lever le pied. “J’ai trouvé un équilibre. Ce n’est pas un sacerdoce sacrificiel, assure ce passionné. Et puis, c’est aussi enrichissant de pouvoir discuter avec des confrères. Après, peut-être que dans 20 ans je ne dirai pas la même chose.” *“Le médecin partage ses connaissances et son expérience avec les étudiants et internes en médecine durant leur formation dans un esprit de compagnonnage, de considération et de respect mutuel” (Article 68-1).
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