Former des aides-soignantes en 10 jours : "la crise sanitaire a bon dos!"

17/12/2020 Par Aveline Marques
Paramédicaux
Ce qui n'était encore qu'une vague information en octobre semble se confirmer : d'après la Coordination nationale infirmière (CNI), qui a pu consulter le cahier des charges rédigé par le ministère de la Santé, les ASH peuvent bénéficier depuis le 15 décembre d'une "formation courte" (10 jours) aux "missions habituellement dévolues aux aides-soignantes". Le syndicat dénonce avec force un "manque de respect" pour la profession.

  En octobre, le Cefiec s'emportait contre le projet du ministère de former des aides-soignantes en 15 jours. Deux mois plus tard, le projet a pris la forme d'un cahier des charges pour la mise en place une "formation courte"… en 10 jours seulement. Cette formation pour "l'accompagnement des personnes âgées" aux "missions habituellement dévolues aux aides-soignantes", réalisées sous leur "supervision", est accessible depuis le 15 décembre 2020 et jusqu'au 2 juillet 2021 aux agents des services hospitaliers (ASH) justifiant d'une ancienneté de 3 mois, en priorité ceux exerçant dans les Ehpad. Ils seront formés aux soins d'hygiène et de confort, à l'alimentation, à l'élimination, au sommeil et à l'approche relationnelle. La validation de cette formation en présentiel, d'une durée de 70 heures ou 10 jours (9+1), permettra d'être dispensé de sélection pour l'accès à la formation d'aide-soignante. Et ce alors que le Ségur de la santé prévoit l'ouverture de 6600 places supplémentaires en Institut de formation des aides-soignantes d'ici à 2022. Mais le Ségur de la santé prévoit aussi de mieux reconnaître la formation d'aide-soignante, rappelle la CNI. "A l'heure où le Ségur accorde aux aides-soignants la montée en compétences avec la réingénierie de leur formation et une reconnaissance de leur métier avec un passage en catégorie B, nous trouvons aberrant de former des agents en 10 jours pour participer aux soins auprès des personnes âgées", s'emporte le syndicat dans un communiqué du 16 décembre. "Il s'agit là d'un manque de considération considérable, c'est irrespectueux pour nos aînés et cela ne peut que mettre en difficulté des professionnels formés à la va-vite", considère la CNI. Pour le syndicat infirmier, cette formation va permettre aux établissements, confrontés à une pénurie de personnels due au "manque d'attractivité" de la profession d'AS, de disposer d'une "main d'œuvre moins rémunérée". "La crise sanitaire a bon dos", s'emporte-t-il, avant de dénoncer une nouvelle fois "un manque de respect" pour les AS.   La réponse du ministère Sollicité par Egora, le ministère de la Santé confirme être "en train de mener des travaux en concertation avec les différents acteurs du secteur (employeurs, organisations syndicales, représentants des métiers et établissements de formation) pour proposer une formation de 2 semaines sur certains gestes et compétences qui pourraient permettre aux personnes formées de pouvoir assister les aides-soignants dans certaines de leurs missions". Il s'agit de "réfléchir à tous les leviers possibles" face aux "besoins très importants" du secteur médico-social. La direction générale de l'offre de soins (DGOS) dément toute "formation accélérée pour obtenir le diplôme d'aide-soignant", qui reste "conditionné à une formation d'une durée de dix mois". La formation vise à "sécuriser" l'intervention des ASH, qui peuvent être amenés à assister les aides-soignants. "Ces agents pourront par la suite faire valoir cette formation et cette expérience, notamment dans le cadre de la valorisation des acquis de l’expérience (VAE) que le ministère veut encourager et développer pour pouvoir être accompagnés vers l’obtention du diplôme d’aide-soignant s’ils le souhaitent", souligne le ministère. La DGOS précise enfin que ces travaux vont encore se poursuivre pour garantir la "bonne adéquation" du contenu de la formation et des besoins.

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