La première vague de Covid a pu entrainer jusqu'à 6.000 décès supplémentaires dus aux cancers

08/12/2020 Par Sandy Bonin
Santé publique

Une étude de la fédération Unicancer (centres de lutte contre le cancer) estime que les retards de prise en charge des patients atteints de cancer lors de la première vague de Covid-19 "se traduiront par un excès de décès de 1.000 à 6.000 patients dans les années à venir".   "Une réduction de 6,8% des patients pris en charge au cours des sept premiers mois de 2020 par rapport à 2019 a été observée, contre une augmentation annuelle de 4% les années précédentes", indique Unicancer, qui réunit les 18 centres français de lutte contre le cancer (CLCC), établissements privés à but non lucratif qui traitent un quart des patients atteints de cancer en France. "Cette réduction a atteint 21% en avril et mai" et "n'a été observée que pour les patients nouvellement diagnostiqués" et non pour les patients déjà suivis pour un cancer, précise l'étude? qui n'a pas encore été publiée dans une revue scientifique. Pour l'ensemble des hôpitaux de France, la baisse du nombre de patients cancéreux pris en charge entre janvier et août atteint même 23,3% par rapport à l'année précédente, selon le système national des données de santé.

Les auteurs de l'article se sont ensuite appuyés sur une estimation du "risque relatif" que représente chaque mois de retard au diagnostic et au traitement pour le pronostic des patients, calculé dans une étude parue le 4 novembre dans la revue médicale BMJ. Ils en concluent que, dans une hypothèse optimiste, si les retards de diagnostic sont de l'ordre de 6,8%, comme observé dans le réseau Unicancer, un millier de décès supplémentaires seraient comptabilisés dans les prochaines années En revanche, si le chiffre réel est plus proche des 23,3% annoncés au niveau national, "le bilan de décès supplémentaires pourrait atteindre 5.791". Unicancer précise que cette estimation ne tient pas compte de l'éventuel impact de la deuxième vague de Covid-19.  Toutefois, "on n'est pas du tout dans la même situation au 2e confinement qu'au 1er, les patients viennent", a indiqué Jean-Yves Blay, président d'Unicancer.

Par ailleurs, les chiffres 2020 du cancer devraient en revanche être affectés par les décès liés au Covid. En effet, les "patients cancéreux en cours de traitement actif" infectés par le nouveau coronavirus "ont une surmortalité de 15% à 30%" par rapport à la population générale, a rappelé Jean-yves Blay. [Avec AFP]

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