Après le tollé suscité par les propos du leader de la France Insoumise, proposant de payer les études des étudiants en médecine contre un engagement de dix ans pour la collectivité, l’InterSyndicale nationale des Internes a rencontré la député Caroline Fiat afin de faire le point sur cette mesure largement rejetée par le corps médical.
“Je veux que tous ceux qui étudient aient un revenu. Et que tous ceux qui étudient et qui ont un revenu, s’engagent ensuite à l’égard de la collectivité. Exemple : les étudiants en médecine. Je suis d’accord, je pense qu’il faut que des étudiants en médecine soient pris en charge par l’Etat (...). Ensuite, ils doivent dix années à l'État, ils ne rachètent pas, pas de pantouflage”, proposait le 12 novembre dernier le leader de la France Insoumise invité de BFM TV pour présenter les premières mesures de son programme à la présidentielle. Par cette proposition, Jean-Luc Mélenchon, et les Insoumis, entendent régler le problème des déserts médicaux en France.
Problème : tout comme en 2019 lors de la présentation d’un amendement dans le cadre du projet de loi santé visant à conditionner le conventionnement des médecins à "l’appréciation de la densité de l’offre de soin dans sa zone d’installation", ses propos ont suscité une levée de boucliers chez les étudiants en médecine, internes et médecins. Dans ce contexte, le président de l’InterSyndicale nationale des internes (Isni) a rencontré la députée LFI Caroline Fiat pour échanger sur la problématique des déserts médicaux.
“Nous avons déclaré à Mme la Députée que bien au-delà de l’aspect médical, ces zones sous-dotées sont surtout abandonnées depuis longtemps par l’Etat et les services publics. Les conditions de vie proposées par ces territoires délaissés par les gouvernements successifs ne permettent pas, à ce jour, d'offrir aux jeunes médecins une vie épanouie pour eux et leurs proches. Nous avons également rappelé qu’en l’état actuel, les moyens de coercition seraient donc contre-productifs et dangereux”, a fait savoir Gaëtan Casanova, dans un communiqué.
Pour l’Isni, la problématique des déserts médicaux est “injustement portée, une nouvelle fois, sur les étudiants en médecine et les internes”. Le syndicat estime que Jean-Luc Mélenchon est mal informé sur les dispositifs en cours, notamment sur le contrat d’engagement du service public (CESP) proposant déjà aux étudiants en médecine une allocation mensuelle de 1.200 euros dès la deuxième année contre un engagement à travailler dans une zone sous-dotée. Et rappelle plusieurs chiffres : un étudiant en médecine coûte entre 8.000 et 10.000 euros par an à la société pendant les quatre premières années d’études, et les études médicales - entièrement à la charge de l’étudiant - coûtent environ 5.000 euros. Etant donné le salaire moyen d’un carabin (2,6 euros bruts par heure en moyenne pour un quatrième année), l’Isni rappelle qu’un étudiant en médecine est “très rentable” et estime que l’Etat fait un bénéfice de 80.000 à 120.000 euros par futur médecin formé.
Au cours de l’échange avec Caroline Fiat, le président de l’Isni a tenu à faire le point sur différentes problématiques qui touchent les internes : non-respect du temps de travail, risques psycho-sociaux dus à l’omerta hospitalière, agressions sexuelles ou morales, précarité généralisée des internes. Dans son communiqué, Gaëtan Casanova affirme également être prêt à discuter avec tous les partis politiques présents à l'élection présidentielle de 2022 afin “d’évoquer avec eux le service public de la santé et la situation des internes”.
Nous avons partagé avec la Députée @CarolineFiat54 sur les conditions de vie scandaleuses des internes en médecine et l'omerta hospitalière sur le harcèlement. Nous serons reçus par @FranceInsoumise et demandons aux partis politiques de nous recevoir avant la #presidentielle2022 https://t.co/gwG9p1N2uX
— Gaetan Casanova (@CasanovaGaetan) November 16, 2020
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