Coup de ciseau, jet de bétadine : la bagarre de deux médecins au bloc en pleine intervention
C'est l'histoire d'un anesthésiste menaçant un chirurgien avec un ciseau en pleine intervention au bloc, alors que la bétadine vole à travers la pièce. Une scène qui a valu aux deux médecins de comparaître devant la chambre disciplinaire de l'Ordre des médecins de Normandie.
"On a évité de peu un drame catastrophique", résume l'un des membres de la chambre disciplinaire de l'Ordre. Face à lui, un urologue et un anesthésiste de la polyclinique de Lisieux (Calvados). Le 25 février 2017, l'urologue est au bloc opératoire sur un patient depuis plusieurs heures quand l'anesthésiste déboule en trombe dans la pièce. Il est furieux. Ce médecin, recruté un an plus tôt, vient d'apprendre qu'une intervention supplémentaire lui a été ajoutée au dernier moment. "Décidé à en découdre" "La charte du bloc prévoit qu’aucune opération ne doit démarrer après 16 heures", explique Olivier Leca, avocat de l'anesthésiste. Et son client ne compte pas jouer les prolongations, d'autant qu'il estime que l'urgence n'est pas justifiée. Depuis la démission du deuxième anesthésiste de la clinique, le médecin est à bout. Entre les deux hommes, le ton monte et les insultes fusent. Le chirurgien saisit alors.. . un flacon de bétadine qu'il jette sur son confrère. En réponse, l’anesthésiste attrape alors les ciseaux posés à proximité. "Bien décidé à en découdre", selon le magistrat qui instruit le dossier, il se dirige vers son confrère avant d’être "ceinturé" par un infirmier, qui l’entraîne vers la sortie. "Il aurait suffi de toucher la carotide de la patiente, et vous l’auriez tuée", soupire l’un des membres de la chambre disciplinaire. Fracture au niveau de l'oeil D'autant que l'altercation ne s'arrête pas là. Plus tard, les deux hommes se battent dans les vestiaires. Et à la sortie de l'établissement, le chirurgien aurait cogné son confrère au visage, qui s'en sort avec une fracture au niveau de l'œil et un mois d'arrêt de travail. Si les deux médecins se rejettent la faute, ils admettent que les problèmes d’organisation au sein de la clinique ont pesé dans la balance. En cause, le manque de personnel. "C’était prévisible", analyse l’anesthésiste, qui a présenté sa démission depuis les faits. Pendant l'audience, au fond de la salle, la directrice de la structure fulmine. Elle n’apprécie que moyennement la critique. "Ça ne change rien au fait que vous auriez dû garder votre sang-froid, surtout au bloc… " tranche le président de la chambre disciplinaire, dont la décision a été mise en délibéré. Les deux médecins seront fixés sur une éventuelle sanction d’ici à un mois environ. Tous les deux risquent la radiation. Le parquet de Lisieux a également été saisi du dossier. [Avec Leparisien.fr]
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