Cancer pulmonaire avec mutation KRAS, accès précoce du sotorasib non renouvelé : quelle suite pour les patients ?
Le sotorasib était indiqué en "monothérapie dans le traitement des patients adultes atteints d’un cancer bronchique non à petites cellules (CBNPC) avancé, présentant la mutation KRAS G12C, dont la maladie a progressé après au moins une ligne de traitement systémique antérieur", d'après le libellé de son autorisation de mise sur le marché (AMM). D'après la commission de la transparence, l’étude de phase III randomisée du sotorasib vs docétaxel (The Lancet 2023, 401, p733) n’a pas "mis en évidence de perte de chance pour les patients traités par docétaxel, par rapport à ceux sous sotorasib" et "malgré une significativité statistique, la taille d’effet en matière de médiane de survie sans progression n’est pas cliniquement pertinente". Pour le Dr Jérome Fayette, oncologue (Centre Léon Bérard à Lyon), "l’étude est positive statistiquement sur un critère discutable : celui de la survie sans progression qui passe de 4,5 à 5,6 mois. Le réel bénéfice est d’un mois. Le problème est qu'en terme de survie globale, la différence n’est pas significative. Cependant, chez les patients répondeurs, le sotorasib est efficace beaucoup plus longtemps. Nous ne sommes toutefois pas capables d’identifier ceux qui en bénéficieront…". La HAS n’a donc pas renouvelé l’autorisation d’accès précoce du sotorasib engendrant l’arrêt de la prise en charge par l’Assurance Maladie depuis fin janvier. Dans le cadre de la "continuité des traitements", pour les patients ayant initié le sotorasib au titre de l’accès précoce, Amgen s’est engagé à le mettre à disposition, gracieusement, jusqu’au 24 octobre 2024. Cependant, au-delà de cette date, la question se pose de savoir quelle sera la prise en charge pouvant être proposée aux patients répondeurs au traitement. "J’ai effectivement des patients inquiets. Il me semble difficile d'arrêter un traitement qui marche et je ne peux pas concevoir qu’Amgen arrête de fournir le médicament. Mon approche sera d’effectuer des demandes compassionnelles auprès du laboratoire. Maintenant, la médiane de réponse est de neuf mois. Cela concernera assez peu de patients …", indique le Dr Fayette qui poursuit : "Pour les patients naïfs de traitement, l’adagrasib est un nouvel inhibiteur covalent sélectif de KRAS G12C autorisé en accès précoce. Les critères sont un peu différents car il est indiqué après échec du docetaxel (alors que le sotorasib était en 2e ligne). L’étude mono bras a montré de bons résultats (N Engl J Med 2022, july 14). Nous aurons toutefois toujours la même épée de Damoclès qui est de savoir si ce traitement sera reconduit, ou non, chez les patients le démarrant. Ensuite, Amgen va peut-être refaire une demande auprès des autorités de santé ? Dans ce cas, nous pourrions proposer d’inclure des patients dans des essais cliniques mais le problème est qu'en général ils doivent avoir progressé et qu'un des critères d'exclusion est souvent d'avoir été pré-traité par un inhibiteur de KRAS… Ensuite, nous pouvons aussi proposer d’autres accès précoces qui ne soient pas des lignes de traitements anti-KRAS…".
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