Chez l’homme, le recrutement de ces circuits neuronaux pour la récompense et le plaisir plutôt que pour des besoins nutritionnels semble être un contributeur important à la surconsommation de sucre et à l’augmentation concomitante de la prévalence de l’obésité. Au 19ème siècle, l’Américain moyen consommait moins de 4.5 kg de sucre par an alors qu’actuellement, la consommation moyenne dépasse 45 kg par an. Les composés sucrés sont détectés par des récepteurs gustatifs spécifiques, présents au niveau de la langue et de l’épithélium du palais, et l’activation de ces récepteurs envoie des signaux au cerveau, permettant de reconnaître ces composés. Cependant, même en l’absence de ces récepteurs chez l’animal génétiquement invalidé pour ces récepteurs, celui-ci garde une préférence pour le sucre. De plus, les édulcorants artificiels, qui activent les mêmes récepteurs gustatifs pour les composés sucrés, ne parviennent pas à se substituer au sucre pour générer une préférence comportementale. Tout ceci suggère donc le recours à des mécanisme indépendants du goût au niveau de la langue et du pharynx. Une équipe de New York a donc examiné les bases neurologiques de cette préférence au sucre. Ils montrent qu’une population de neurones situés dans les ganglions du nerf vague et dans le tronc cérébral sont activés via un axe tube digestif/cerveau afin de générer la préférence pour le sucre. Ces neurones sont stimulés en réponse au sucre au niveau du tube digestif mais non aux édulcorants artificiels et ils sont activés par la présence directe du sucre au niveau du tube digestif, même si l’on court-circuite tout l’oropharynx. En utilisant de l’imagerie fonctionnelle par monitorage de l’activité de l’axe tube digestif/cerveau, il leur a été possible d’identifier que les neurones du vague étaient activés par l’arrivée du glucose au niveau de l’intestin. En produisant des souris chez lesquelles l’activité synaptique de ces circuits tube digestif/cerveau étaient génétiquement mis au silence, ils ont empêché le développement de la préférence comportementale pour le sucre. De plus, ils montrent qu’en co-optant ce circuit par une activation chémogénétique, on peut créer des préférences à d’autres stimuli, moins préférés habituellement. Toutes ces données révèlent donc un circuit post-ingestion de sucre partant du tube digestif vers le cerveau, sensible au sucre et non aux édulcorants. Ce circuit est critique pour le développement de la préférence au sucre. De plus, elles expliquent les bases neurologiques des différences en termes d’effets comportementaux des édulcorants en comparaison du sucre et permettent donc de mettre à jour un circuit essentiel expliquant les effets très appétitifs du sucre
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