Les formes injectables de longue durée d’action semblent particulièrement performantes.
"Sur 100 patients psychiatriques proposés dans un essai clinique, la moitié seulement sont disposés à y participer, 40 sont exclus en raison de comorbidités, risque suicidaire, comportement antisocial, observance insuffisante. Cinq disparaissent de l’essai. Et au final, l’évaluation porte sur seulement 5 patients, ceux qui suivent toujours les conseils du 'Docteur'", a rappelé le Pr Jari Tiihonen (Institut Karolinska, Stockholm). Pour déterminer s’il existe des différences cliniquement significatives entre les différents antipsychotiques pour prévenir les rechutes dans la schizophrénie, ce qui n’est à ce jour pas clairement établi, les spécialistes suédois ont donc réalisé une étude en vie réelle sur les 29.823 patients schizophrènes de 16 à 64 ans de la cohorte nationale suédoise, suivis entre juillet 2006 et décembre 2013 (1). Au cours de la période d’étude, 43,7 % des malades ont été réhospitalisés et 71,7 % ont présenté, à un moment ou à un autre, un échec du traitement. Le risque de réhospitalisations s’est avéré le plus faible avec certains antipsychotiques injectables à libération prolongée : palipéridone LP (0,51 par rapport à l’absence de médicament anti-psychotique), zuclopenthixol LP (0,53), perphénazine LP (0,58), olanzapine LP (0,58) et avec la clozapine orale (0,53). Les plus mauvais résultats ont été observés avec le flupentixol oral (0,92) et la quétiapine orale (0,91). Ce qui conduit les auteurs "à ne plus recommander en routine cet antipsychotique en monothérapie, en dehors de raisons spécifiques, dans la schizophrénie". Globalement, les formes injectables LP étaient associées à une probabilité de réhospitalisations réduite de 22% par rapport aux formulations orales correspondantes. Mais, ce chiffre s’élevait à 32 % chez les malades nouvellement diagnostiqués. "Ce qui va dans le sens d’essais d’autres équipes ayant montré que les antipsychotiques injectables sont les plus efficaces lors des premières phases de la maladie". Une réduction de la mortalité Plus récemment, ces auteurs suédois ont analysé les relations entre antipsychotiques et décès (8,4 % au cours de la période) (2). On sait que les patients schizophrènes ont une espérance de vie abaissée de 15 à 20 ans en comparaison de la population générale. Certaines données avaient suggéré un impact délétère à ce niveau du traitement antipsychotique. Ceci n’a pas été retrouvé dans cette cohorte, où leur usage a au contraire été associé "à un risque abaissé de 56 % de décès par rapport au non usage". Le plus faible taux de décès a été retrouvé avec la palipéridone LP (0,11), la rispéridone LP (0,31), l’halopéridol LP (0,36), la perphénazine LP (0,37) et l’aripiprazole orale (0,23) (0,53 pour la clozapine orale). Globalement, la différence entre formes LP et formes orales atteignait 33 % en termes de mortalité pour des formulations équivalentes.
1) Tiihonen J, et al. JAMA Psychiatry 2017 ; 74 : 686-693. 2) Taipale H, et al. Schizophr Res. 2017 Dec 20. pii: S0920-9964(17)30762-4. [Epub ahead of print]
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