La cohorte Elfe alerte sur les polluants de l’alimentation chez les femmes enceintes
La première Journée scientifique de la cohorte Elfe s’est déroulée le 13 mars dernier. L’occasion de présenter les premiers résultats de cette vaste enquête sur le suivi des enfants et des femmes enceintes à long terme prévue pour durer jusqu’en 2031.
Elfe (Étude longitudinale française depuis l’enfance) est la première grande cohorte d’enfants suivis depuis la naissance en France métropolitaine. Son objectif, ambitieux, est de comprendre comment les conditions périnatales et l’environnement affectent le développement, la santé et la socialisation des enfants de la naissance au début de la vie adulte. Au total, 18 329 enfants nés en 2011 dans 349 maternités après au moins 33 semaines de gestation, ont été recrutés, ce qui correspon à 1 enfants sur 50, ainsi que leurs parents. L’étude, qui implique 150 chercheurs, est conduite sous la responsabilité de nombreux organismes publics (Ined, Inserm, EFS, InVS, Insee, DGS, Dgpr, Dress, Cnaf), est prévue pour durer au minimum vingt ans. Les paramètres analysés sont nombreux : alimentation, exercice physique, croissance, maladies respiratoires, mode de garde et relations familiales, pratiques culturelles et loisirs… De plus, des collections biologiques (sang et urine maternels, colostrum, sang de l’enfant, méconium…) ont été constituées sur un sous-échantillon de 8 000 couples mère-enfant.
La majorité des polluants étudiés sont présents chez près de la totalité des femmes enceintes
Au cours de la journée scientifique du 13 mars, les chercheurs ont rendu publics certains résultats préliminaires de ces travaux. En particulier, une étude du volet périnatal a mis en évidence l’importance de l’exposition des femmes enceintes à certains produits toxiques comme le bisphenol A – pourtant retiré du marché depuis 2015-, les phtalates ou les pesticides. Cette étude, qui s’appuie sur un sous-échantillon de 4 145 mères, fournit "pour la première fois des résultats fiables à l’échelon national de l’imprégnation des femmes enceintes par certains polluants de l’environnement, mesurés à partir de prélèvements biologiques recueillis en maternité (sang de cordon, urine, cheveux et sang maternel)", souligne Clémentine Dereumeaux (Santé Publique France), son principal auteur. Globalement, l’étude "montre que la majorité des polluants étudiés sont présents chez près de la totalité des femmes enceintes, et que l’alimentation représente la source principale d’exposition, malgré l’existence d’autres sources notamment dans l’air intérieur et extérieur » précise C. Déreumeaux. En particulier, l’étude met en évidence que le bisphénol A (BPA) a été quantifié (concentration supérieure à la limite de quantification) chez plus de 70 % des femmes, même si la concentration urinaire moyenne observée dans cette étude était inférieure à celle mesurée dans les précédentes études.
Les facteurs liés à la diversification alimentaire
Autre thème analysé : les déterminants de la diversification alimentaire. Celle-ci doit, selon les recommandations du Programme National Nutrition Santé (Pnns), être réalisée à partir du 6e mois révolu, et pas avant le 4e mois révolu. L’étude est basée sur des questionnaires remplis par les parents des enfants Elfe, portant sur l’introduction de 28 groupes d’aliments entre les âges de 3 et 10 mois. L’âge moyen à la diversification est de 5,3 mois. Les résultats montrent en outre que "les enfants dont l’alimentation est diversifiée avant 4 mois révolus (21 %) sont plus souvent des garçons, issus de familles dont les 2 parents sont nés à l’étranger, où la mère a moins de 25 ans, un IMC supérieur à 25kg/m², un niveau d’études inférieur au bac et est fumeuse".
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