La prévalence de l’HTA est globalement moins fréquente chez la femme avant la ménopause. Les résultats de l’étude Esteban de 2015, menée sur un échantillon de 3 021 individus représentatif de la population française, montrent une prévalence moins fréquente chez la femme (25,1%) que chez l’homme (36%) dans la classe d’âge des 18 à 74 ans. "Et si on zoome sur la classe d’âge des 18-34 ans, on s’aperçoit que la prévalence de l’HTA n’est que de 1,5% pour les femmes contre 11,7% pour les hommes. Chez les femmes jeunes, l’HTA est finalement une maladie rare", a précisé le Pr Jacques Blacher, cardiologue à l’Hôtel-Dieu (AP-HP, Paris). Il existerait en effet de réelles différences entre les genres sur le système cardiovasculaire(1) et notamment sur la rigidité des gros troncs artériels, en partie pour des raisons structurales avec un système vasculaire moins long et des artères moins larges en population féminine. "Mais il y a surtout une évolutivité qui diffère de façon importante selon le genre, avec chez les femmes, une rigidité artérielle qui va augmenter plus vite avec les années, notamment après la ménopause", a expliqué le Pr Blacher. Et ces éléments vont être partie prenante dans la survenue de complications cardiovasculaires aussi bien sur le plan cardiaque (infarctus du myocarde, fibrillation atriale, hypertrophie ventriculaire gauche, insuffisance cardiaque) que sur les complications cérébro-vasculaires. "Il ne faut pas oublier que la démence fait partie des complications de l’HTA", a rappelé le spécialiste.
Des facteurs de risque liés à la vie reproductive des femmes
On estime que les troubles hypertensifs de la grossesse touchent entre 5 et 10% des grossesses dans le monde. Ils constituent par ailleurs une cause majeure de morbi-mortalité materno-fœtale. Ces troubles sont associés à un risque d'hypertension chronique et de diverses maladies cardiovasculaires à long terme(2). Aussi, une femme qui aura présenté un désordre hypertensif de la grossesse sera plus à risque de développer une HTA et des complications cardiovasculaires par la suite. Comme l’a rappelé la Dre Caroline Dourmap, cardiologue (CHU de Rennes), "les patientes qui présentent un risque élevé de faire une prééclampsie sont celles ayant déjà fait un trouble hypertensif durant leur grossesse, celles qui ont une insuffisance rénale chronique, celles qui ont des désordres auto-immuns (lupus érythémateux disséminé par exemple), les patientes diabétiques et enfin celles qui souffrent d’HTA chronique. De façon moindre, les patientes primipares sont plus à risque de développer un désordre hypertensif durant la grossesse, celles âgées de plus de 40 ans, celles pour qui les deux grossesses sont espacées de plus de 10 ans, celles qui souffrent d’obésité et celles avec une histoire familiale de prééclampsie ou de grossesse multiple". Et les recommandations de la Société française d’hypertension artérielle (SFHTA) datant de 2018 vont dans ce sens puisqu’elles considèrent que l’évaluation du risque cardiovasculaire chez la femme doit tenir compte des éventuels troubles présentés lors de la grossesse. Ces patientes devront être revues impérativement pour faire le point sur leur traitement hypertenseur qui aura été modifié au cours de la grossesse.
La contraception oestroprogestative n’est pas recommandée chez la femme hypertendue, qu’elle soit contrôlée ou non. "Il faut savoir que les œstrogènes vont possiblement augmenter le niveau de pression artérielle des patientes et donc entraîner une éventuelle HTA. Globalement, 35 ans est un bon âge pour arrêter la prise de contraceptifs oestro-progestatifs, que la femme soit hypertendue ou non", a précisé la Dre Dourmap. Une femme hypertendue ne désirant pas de grossesse se verra proposer des alternatives de contraception efficace : microprogestative ou un DIU au cuivre en l’absence de contre-indication gynécologique.
HTA et ménopause
"On sait que la ménopause augmente le risque de développer une HTA chez les femmes. En revanche, le traitement hormonal de la ménopause (THM) tel qu’il est mis en place aujourd’hui en France, pour celles qui le nécessitent et qui présentent des symptômes climatériques, n’augmente pas le risque d’HTA en lui-même. Mais il faudra évaluer avec précision le risque cardiovasculaire de ces femmes pour éviter le THM chez les patientes les plus à risque", a précisé la Dre Dourmap. En effet, chez une femme hypertendue ménopausée ayant des symptômes climatériques, il est recommandé de discuter au cas par cas le THM avec le médecin généraliste ou le gynécologue en vérifiant l’absence de contre-indications, en particulier, cardiovasculaires et gynécologiques. Il convient par ailleurs de considérer l’âge de la patiente (> 60 ans), l’ancienneté de la ménopause (> 10 ans), l’absence de contrôle tensionnel et un niveau de risque cardiovasculaire élevé à très élevé, pour évaluer le risque cardiovasculaire lié à l’instauration d’un THM.
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