Dermatite atopique sévère : une vraie maladie

23/08/2017 Par Dr Philippe Massol
Dermatologie

La dermatite atopique sévère est une maladie à part entière, les patients présentant une très nette détérioration de leur qualité de vie par rapport aux formes légères à modérées de la maladie, selon les résultats de l’étude française ecIA. Ce travail pointe également l’impact important de la maladie sur la sexualité.

  Aujourd’hui, près de 100 000 patients adultes souffrent en France d’une maladie invalidante, trop souvent assimilée à un simple eczéma, la dermatite atopique sévère.  Maladie inflammatoire chronique de la peau caractérisée par une anomalie de la réponse immunitaire et une déficience de la barrière cutanée, il s’agit d’une forme sévère d’eczéma, à ne pas confondre avec un eczéma de contact ou un eczéma des mains. Elle touche généralement le visage et les mains, mais peut s’étendre à tout le corps.  Elle débute généralement dans la petite enfance, mais chez 20% des patients cette maladie se déclare après l’âge de 20 ans. La prévalence diminue après 50 ans. Sanofi Genzyme et l’Association Française de l’Eczéma* s’engagent aujourd’hui pour améliorer la vie des malades et de leur entourage. Ils présentent la première action nationale de sensibilisation sur cette maladie méconnue et invalidante, qui isole et fait souffrir. Cette action repose sur deux initiatives permettant de sortir cette maladie de l’ombre : l’étude eclA, menée en vie réelle auprès de patients souffrant de dermatite atopique, et la première campagne nationale de sensibilisation  #MaPeauEstUnePrison ( www.mapeauestuneprison.fr ), révélant le vécu douloureux, physique et psychologique, des patients.   Qualité de vie et fardeau de la maladie : eclA, une étude française.   L’étude eclA a comme objectif d’apporter un éclairage et des données factuelles sur le fardeau lié à la dermatite atopique en adoptant la méthodologie des études en vie réelle. Des auto-questionnaires validés ont été remplis par plus de 1000 patients adultes, soit un échantillon robuste de la population touchée. Les résultats préliminaires sur 225 patients viennent d’être publiés. Premier des principaux enseignements de cette étude française (Ezzedine K. et al. Revue de Santé Publique, 13 juin 2017), la dermatite atopique sévère est une maladie à part entière, les patients présentant une très nette détérioration de la qualité de vie par rapport aux formes légères à modérées de la maladie. La dermatite se manifeste par un prurit intense et quotidien chez près de 9 patients sur 10, des rougeurs et des lésions cutanées récurrentes pouvant se compliquer de surinfections. Le sommeil est perturbé et un patient sur deux présente des symptômes d’anxiété ou de dépression. Près d’1 patient sur 2 souffre de l’impact de sa maladie sur sa vie professionnelle ou ses études. Plus d’1 patient sur 4 souffre de l’impact de sa maladie sur ses relations affectives (27% des patients). La pathologie évolue par poussées (11 poussées en moyenne dans l’année, chaque poussée durant environ 17 jours soit un total de 192 jours par an en moyenne), ce qui témoigne de l’intensité du fardeau. Et près d’un patient adulte sur deux présente en plus des comorbidités atopiques (40%, un asthme, 50%, une rhinite allergique). "Le second principal enseignement est l’impact important de la maladie sur la sexualité", explique le Dr Charles Taieb, Directeur Scientifique, EMMA (European Market Maintenance Assessment). "Près de 10% des sujets interrogés présentent une atteinte génitale. Nous constatons également une diminution du désir sexuel du sujet atteint de dermatite atopique et parallèlement une diminution de la libido du conjoint". Enfin, le coût de la maladie pour le patient est proportionnel à la sévérité de la dermatite atopique. "La dermatite atopique n’est pas une maladie allergique, explique le Dr Caroline Jacobzone Dermatologue au CHBS (Centre Hospitalier de Bretagne Sud), à Lorient), mais il existe une sensibilité accrue aux allergènes de l’environnement (acariens, pollens...) ou alimentaires. Les altérations de la barrière cutanée rendent plus sensible aux allergènes de l’environnement, qu’ils soient respiratoires, alimentaires etc... Mais les mécanismes d’une dermatite atopique sont parfaitement distincts de ceux observés dans une allergie alimentaire, par exemple : dans les allergies alimentaires, la sensibilisation est immédiate alors qu’elle est retardée dans la dermatite atopique". Cette pathologie n’est pas qu’une maladie de peau. Il existe d’ailleurs souvent des comorbidités allergiques : asthme, rhinite, conjonctivite. "Dans l’asthme, les mêmes mécanismes sont impliqués, avec surproduction d’IL-4 et d’IL-13. Ce qui explique la "course atopique" décrite chez certains patients avec l’enchainement dans le temps d’une dermatite atopique, d’un asthme puis d’une rhinite allergique par exemple".

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