La Pre Anette-Gabriele Ziegler, directrice de l'Institut de recherche sur le diabète au Helmholtz Zentrum (Munich), a rappelé que le diabète de type 1 (DT1) est précédé de plusieurs stades chez les patients à risque génétique. L’activation immunitaire conduit à l’apparition d’auto-anticorps facilement détectables dans le sang. Le stade 1 est caractérisé par la présence de deux auto-anticorps ou plus mais les patients sont encore euglycémiques avant que l’on observe une dysglycémie (stade 2) étape précédant le stade diabète selon les critères de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). La Pre Ziegler explique que des molécules sont en cours de développement pour tenter de retarder l’apparition du DT1. C’est ainsi que cas du teplizumab, un anticorps monoclonal qui est administré pendant le stade 2. Après 18 mois de traitement, 5% des enfants ont évolué vers un DT1, alors que ce chiffre s’élevait à 45% pour ceux suivis avec un placebo. La spécialiste regrette qu’« actuellement ce traitement soit réservé aux plus de 8 ans, à ceux qui ont des antécédents familiaux de DT1, et restreint au stade 2 ». Dépistage des auto-anticorps dans la population générale L'étude Fr1da (Typ 1 Diabetes : Früh erkennen) initiée en 2015 en Bavière, est le premier dépistage pour le diagnostic précoce d'un stade pré-symptomatique de la maladie chez les jeunes enfants. Les auto-anticorps spécifiques du diabète (anticorps anti-insuline, anti-GAD, anti-ZnT8) ont été recherchés chez plus de 170 000 enfants. Parmi eux, 483 enfants (0,3%) avaient au moins 2 auto-anticorps. A l'issu de l'étude, 169 enfants ont développé un diabète. Parmi eux, 13,6 % (23 enfants) ne remplissaient pas les critères initiaux (soit un seul anticorps présent, soit développement des anticorps ultérieurement). Le Pr Ziegler souligne « que la détection précoce, accompagnée d'une éducation et d'un suivi, a permis de réduire considérablement les taux d'acidocétoses diabétiques qui surviennent souvent au début du diabète et qui impacte le contrôle glycémique à long terme ». L'analyse détaillée des données a montré que 3 facteurs intervenaient dans le risque de progression vers le stade diabète maladie : l'HbA1c, les résultats de l'hyperglycémie par voie orale à 90 minutes et les anticorps anti-IA2. Un score de progression a été modélisé à partir de ces paramètres*. La Pre Ziegler estime que le coût du dépistage serait compris entre 20 et 30 euros par enfant. Risque génétique élevé de DT1 et prévention interventionnelle En Europe, la Plateforme mondiale pour la prévention du diabète auto-immun (GPPAD : Global Platform for the prevention of autoimmune diabetes) est un programme de prévention primaire. Le dépistage de 328 648 nouveau-nés a montré que 4 272 (1,3%) d'entre eux présentaient un risque génétique élevé de DT1. Il existe plus de 50 gènes de susceptibilité. La Pre Ziegler travaille sur deux études d’immunothérapies préventives à des stades précoces chez ces enfants à risque. L'une d'elles, l'étude POInT (Primary Oral Insulin Trial) a pour but d’induire une tolérance en utilisant de l'insuline en poudre à doses croissantes, débutant entre 4 et 6 mois et jusqu’à 3 ans chez 1 050 nourrissons. L’étude qui a débuté en février 2018 suivra les enfants jusqu’à l’âge de 6,5 ans. Un deuxième essai, SINT1A (Supplementation With B. Infantis For Mitigation Of Type 1 Diabetes Autoimmunity), portant sur 1144 enfants vise à moduler l’inflammation digestive via l'administration quotidienne de B. infantis, un probiotique utilisé pour influencer le microbiome. Cet essai pourrait avoir un impact non seulement sur l’apparition du diabète de type 1 mais aussi sur l’allergie et la maladie coeliaque. *Weiss A, et al. Diabetologia. 2022
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