L’amoxicilline en "forte tension" : les recommandations de l’ANSM aux médecins pour contrer la pénurie

18/11/2022 Par Marielle Ammouche
Pharmacologie
L'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) a confirmé, ce vendredi, dans un communiqué, les "fortes tensions d’approvisionnement" en France concernant l’amoxicilline, qu’elle soit seule ou en association à l’acide clavulanique.

 

"Les formes les plus impactées sont principalement les suspensions buvables en flacon, qui sont majoritairement prescrites en ville chez les enfants", précise l’agence. Mais d’autres formes orales, plutôt destinées à l'adulte (comprimés, gélules, etc.), sont également en tension. Ces tensions concernent toute l’Europe, mais aussi des pays au-delà.

Elles s’expliquent par deux phénomènes concomitants : une augmentation "très importante" de la consommation en antibiotiques, et des difficultés sur les lignes de production industrielle. Et ce, alors que l’offre et la demande ont été très perturbées ces dernières années du fait de la crise Covid, qui avait entrainé une baisse de production, qui n’est pas totalement repartie par la suite. "Nous avons demandé aux laboratoires d'augmenter leur capacité de production. Des investigations sont également en cours pour identifier des pistes d'importation de ces antibiotiques depuis l'étranger", précise l’ANSM. 

 

5 jours de traitement, en général 

Dans ce contexte, l’ANSM demande aux médecins prescripteurs de veiller au bon usage de leurs prescriptions d’antibiotiques. Elle a, de plus, élaboré des recommandations en lien avec le groupe de pathologie infectieuse pédiatrique (GPIP) de la Société française de pédiatrie (SFP), l'Association française de pédiatrie ambulatoire (AFPA), et la Société de pathologie infectieuse de langue française (SPILF), qui ne font que reprendre les recommandations de bonne pratique de la HAS, à savoir, une durée limitée à 5 jours dans la plupart des pathologies infectieuses courantes (angines bactériennes, otites, pneumonies…). Et en cas d'otite moyenne aiguë purulente, une antibiothérapie d'emblée est indiquée si le nourrisson est âgé de moins de 6 mois, ou si l’otite est compliquée (fièvre élevée, otalgie intense et otorrhée). En revanche, en cas d’enfant de plus de 6 mois, l’antibiothérapie ne sera instituée que dans un deuxième temps, s’il n’y a pas d'amélioration en 36-48 heures sous antipyrétique. 

Par ailleurs, un contingentement a été mis en place, et il est demandé aux pharmaciens de...

vérifier la présence du résultat de Trod en cas d’angine, et de dispenser le traitement en conditionnement adapté à la durée du traitement. 

 

Une situation prévisible 

Les mesures annoncées ne convainquent pas tous les observateurs, certains jugeant mal à propos d'insister autant sur la responsabilité des patients et médecins. De tels discours "ne s'attaquent pas aux causes structurelles", a estimé dans un communiqué l'Observatoire de la transparence dans les politiques du médicament, regrettant des mesures "tardives" et un manque de réactivité des autorités face à une situation "prévisible". Cette organisation, marquée à gauche, appelle à une relocalisation massive de la production de médicaments en France, estimant que l'éclatement de celle-ci en plusieurs pays contribue aux problèmes d'approvisionnement. 

Le Gouvernement, lui, met en avant que de multiples incitations financières sont déjà en place pour encourager les industriels du médicament à rapatrier leur production en France. Il insiste également sur le fait que la loi a récemment durci les obligations des industriels face aux pénuries, leur imposant de constituer des stocks minimum pour certains traitements. 

Reste que dans le cas de l'amoxicilline, dont une partie des matières premières sont produites hors d'Europe, ces obligations n'ont pu qu'"amortir le choc", selon les termes de l'ANSM. "Ce n'est pas suffisant dans le cas présent pour pouvoir éviter les risques de rupture", a admis l'agence vendredi. 

Limiter la durée de remplacement peut-il favoriser l'installation des médecins ?

François Pl

François Pl

Non

Toute "tracasserie administrative" ajoutée ne fera que dissuader de s'installer dans les zones peu desservies (et moins rentables)... Lire plus

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