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Frédéric Valletoux annonce la création d'une consultation de soins infirmiers

Dans une interview publiée dans les colonnes de La Tribune Dimanche le 14 avril, Frédéric Valletoux, ministre délégué à la Santé, a annoncé vouloir définir un champ de compétences nouvelles pour les infirmières pour une meilleure reconnaissance de la profession, tout en tentant de rassurer les généralistes. Une communication qui a suscité moults réactions. 

15/04/2024 Par Pauline Machard
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“Le métier d’infirmier doit être mieux reconnu”, expose Frédéric Valletoux, ministre délégué à la Santé, dans une interview à La Tribune dimanche publiée le 14 avril, disant avoir “pleinement conscience du malaise de la profession”.

“Aujourd’hui, il est simplement défini par un ensemble de tâches listées dans un décret qui date de vingt ans, poursuit-il. C’est une approche totalement obsolète et déconnectée. C’est pourquoi je souhaite faire évoluer la loi.”  

 “Élargir” et “clarifier” les compétences des infirmiers

Cette évolution de la loi viserait à “élargir” et “clarifier les compétences des infirmiers”, “créer la consultation en soins infirmiers” et ouvrir à ces paramédicaux “un droit à certaines prescriptions”, détaille-t-il dans l’interview à l’hebdomadaire. Le ministre annonce aussi vouloir “donner du contenu au statut infirmier référent voté l’an dernier”, qui est “une avancée importante dans la reconnaissance du métier”. 

Interrogé sur le financement de ces nouvelles missions infirmières, le ministre répond : “Faisons les choses dans l’ordre. Quand nous aurons défini le champ des compétences nouvelles, une négociation pourra s’ouvrir avec l’Assurance maladie afin de fixer les modalités financières.” Le politique avance un horizon : “Avant la fin de l’année.”

 

“L'enjeu n'est pas de remplacer les médecins”

De telles annonces ne sont pas sans réinterroger les frontières des professions. La prescription étant d’ores et déjà possible pour les IPA “dans quelques domaines (maladies chroniques, oncologie, maladies rénales”, le journal questionne le ministre sur la dimension de nouveauté : “Il s’agit d’amplifier et d’élargir ce mouvement”, pose Frédéric Valletoux. Qui annonce, au sujet de la pratique avancée : “Le dispositif que vous évoquez est récent [2018, NDLR], il n’est pas encore totalement opérationnel : je vais donner un gros coup d’accélérateur à la publication des décrets, afin que tous les textes d’application des infirmiers en pratique avancée soient pris avant l’été”.

Quand on lui demande si cela ne risque pas d’empiéter sur le champ de compétences des médecins, il rétorque : “L’enjeu n’est pas du tout de remplacer les médecins mais de reconnaître pleinement les rôles et les compétences de chacun, avec comme seul souci d’améliorer l’accès aux soins”. Il continue : “Les infirmiers doivent pouvoir assurer le suivi de maladies chroniques par exemple un diabète, prolonger des ordonnances…” Dans quel cadre ? “Cela devra se faire en lien avec le médecin traitant mais avec une autonomie supplémentaire et une confiance renouvelée. Faire confiance à un plus grand nombre de professionnels de santé, c’est une priorité.” Il fait valoir que, sur ce point, “la France est en retard par rapport aux autres pays européens. Chez nos voisins, les personnels paramédicaux réalisent déjà de nombreux actes de suivi des patients”.

Interrogé sur la crainte d’une partie du monde médical de voir sa place remise en question par le nouveau partage du travail, Frédéric Valletoux estime “plutôt que l’état d’esprit est en train de changer”. "Le médecin reste et restera la tour de contrôle du parcours de soins, cela ne changera pas. J’ai entendu les généralistes, ils préfèrent se concentrer sur l’élaboration du diagnostic, l’ajustement des traitements à l’évolution de la maladie, et ils apprécient l’idée de coordonner les équipes", avance-t-il. 


Pour les infirmiers, “une étape historique” ?  

Côté infirmières, quelques instances ont réagi dès ce week-end, comme l’Ordre national des infirmiers, qui a fait valoir sur Twitter que “les annonces du ministre marquent une étape historique pour la profession et l’égalité d’accès aux soins”.

La Fédération nationale des infirmiers (FNI) salue "une prise de position indispensable et courageuse pour l’avenir de notre système de santé”, mettant en avant des “engagements fermes et des perspectives qui ouvrent la voie à une valorisation de la profession”. Le syndicat Convergence infirmière souligne lui “des avancées mais encore beaucoup de frustrations”. Il remercie notamment Frédéric Valletoux pour la création de la consultation en soins infirmiers, "qu’aucun ministre n’avait osé mettre en place”. Pour autant, complète-t-il, “nous restons très vigilants et continuons les mobilisations pour une ouverture de négociations en matière de revalorisation”. Quant au Sniil, il “estime que le compte n’y est pas”. S’il se félicite de l’annonce sur la consultation infirmière, note des “avancées”, “on est encore loin de nos demandes, juge-t-il : accès direct aux patients dépendants, aux patients avec des plaies”. “Des négociations remises à quand ?, poursuit-il. L’inflation touche toujours et encore la profession. Il y a urgence. Si certains s’en contentent, nous attendons davantage.”

Quant à l’Unipa, le syndicat des IPA, il remercie le ministre pour “l’information sur le calendrier de publication des textes des infirmiers en pratique avancée (IPA) visant à préciser l’accès direct et à encadrer la primo prescription. L’inertie administrative n’a que trop retardé et limité les textes, il est temps que la volonté politique au service des patients reprenne sa place”, commente-t-il rappelant ses demandes concernant ces décrets : "abrogation complète du protocole d'organisation IPA, des textes ambitieux et larges pour la primo prescription avec notamment un droit de prescription sur les transports, les arrêts maladie et toutes prescriptions nécessaires pour faciliter le parcours de soins des patients". "Le corporatisme médical d'un autre temps a conduit notre système de santé dans le mur depuis 20 ans, il est temps de réformer le système fortement, au bénéfice du patient", appuie Emmanuel Hardy, président du syndicat.

Le collectif des infirmiers libéraux en colère, lui, remercie Frédéric Valletoux “de faire avancer notre profession [...]”, mais indique : “Nous serons particulièrement vigilants sur la suite et sur les contreparties financières pour notre profession”. Son administratrice nationale, Corinne Michelena Innocenti, écrit néanmoins sur Linkedin que “la reconnaissance des infirmiers [...] semble bien timide voire encore invisible”. Elle rappelle que “les infirmiers ne se contentent pas de superposer des actes, mais ils réalisent déjà des visites et des consultations, en offrant de l’éducation, des conseils et de la coordination à leurs patients. Il n’y a donc rien à créer mais simplement à le reconnaître et notamment sur le plan financier”, mais aussi que “les infirmiers ont déjà leur propre rôle dans l’éducation, la prévention et les soins de continuité de la vie ne cherchent pas à remplacer les médecins à moindre coût voire à gratuit. Derrière chaque acte et chaque mission se cache une responsabilité qu’il va falloir reconnaître et payer à sa juste valeur”. Elle conclut : “Cette tribune manque de concret et décevra grand nombre de professionnels. Voire enclenchera des guerres inutiles avec les médecins qui verront [...] l’envie soudaine des infirmiers de poser des diagnostics voire de les remplacer… Les médailles sans les ficelles ne tiendront pas très longtemps autour de soignants épuisés d’attendre la reconnaissance… La copie n’a pas convaincu peut mieux faire… juste passable”.

 

"La med gé est morte"

Côté syndicats de médecins, peu de réactions officielles encore en ce lundi, à l’exception de l’UFML-S. "Pourquoi avoir fait de la médecine générale une spécialité médicale avec une 10e année d’étude si c’est pour offrir des pans entiers de son exercice à des non-médecins ?", interpelle le Dr Jérôme Marty, son président. "Une fois de plus des actes de la profession médicale sont donnés à une autre profession sans que les représentants des médecins participent aux décisions. Quelle autre profession accepterait cela?", interroge-t-il. Et de déplorer que les médecins soient "plus que jamais la cible des politiques qui n'ont de cesse de dévaloriser notre exercice et de le dépouiller de ses prérogatives".

Sur le réseau social X, les annonces ont beaucoup fait parler. Certains s’exclament “Enfin !”, “maintenant, place à l’action”, “enfin ça bouge”. D’autres estiment que “l’urgence serait déjà de les payer décemment, non ?”, “commencez par bien rémunérer les actes de nos collègues Idel avant de leur déléguer des actes médicaux dont ils/elles n’ont que faire ayant déjà des tournées d’enfer à domicile !”, pose une généraliste, appelant à arrêter de “détruire le parcours de soin MT et de coordination avec les paramed”. Pour d’autres encore, “ça y est, la méd gé est morte”.

[Avec La Tribune Dimanche]

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13 commentaires
4 débatteurs en ligne4 en ligne
Photo de profil de L. K.
2,2 k points
Débatteur Passionné
Aide Médicale Urgente
il y a 7 mois
J'ai du mal à y voir autre chose que la poursuite des négociations conventionnelles sur un mode passif-agressif. J'ai parfois l'impression qu'ils vivent dans un monde fait de 3 pathologies qui n'adme
Photo de profil de Marc  Ottaviani
60 points
Médecins (CNOM)
il y a 7 mois
Ne vous en déplaise Mr HARDY , ce n'est pas un "corporatisme médical d'un autre temps a conduit notre système de santé dans le mur depuis 20 ans", mais plutôt des organes décideurs qui n'ont jamais vo
Photo de profil de Viokk Zedoc
264 points
Débatteur Renommé
Médecine générale
il y a 7 mois
Chronique d'un désastre annoncé, qui a une vue globale et l'expérience diagnostique pour gérer l'ensemble des pathologies qu'on a mis 10 ans à lui apprendre ?.... On découpe en tronçon et après au se

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