"La prescription médicale n’est pas une formalité de nature administrative. Elle est le résultat d’une démarche accomplie par le médecin", a défendu, le 15 février dernier, l'Académie de médecine dans un communiqué. Et d'ajouter : "Elle est donc l’aboutissement d’un processus intellectuel dont la conduite tire parti du fait que le médecin, après au moins neuf ans d’études, possède un important savoir théorique et pratique et dispose, avec le temps, d’une expérience croissante et de connaissances en permanence remises à jour."
L'institution de la rue Bonaparte (Paris 6e) se prononçait sur la loi Rist, promulguée le 19 mai 2023, qui a instauré un accès direct aux infirmières en pratique avancée (IPA) et aux kinés notamment, autorisés à "exercer leur art" sans prescription médicale préalable dans le cadre d’un exercice coordonné strict. Alors que les textes d'application de la loi ne sont toujours pas publiés, la communication de l'Académie de médecine n'a pas manqué de faire réagir la députée-médecin Stéphanie Rist, en premier lieu, ainsi que plusieurs instances représentatives des kinés et des infirmières.
Ce jeudi 22 février, dans un communiqué, c'est l'Ordre national des infirmiers (ONI) qui s'est dit "stupéfait" de la prise de position de l'Académie. "L'ONI ne peut que regretter la prise de position corporatiste et rétrograde de l’Académie nationale de médecine", écrit-il. Et de défendre : "Les IPA possèdent les compétences et les connaissances nécessaires pour traiter de nombreuses pathologies après avoir suivi une formation exigeante dédiée, qui leur permet de fournir des soins de qualité et des traitements appropriés à leurs patients, en autonomie et responsabilité, en collaboration avec les médecins."
"Un rapport Igas sur le sujet comme les nombreux exemples étrangers réussis de montée en compétence et en autonomie des infirmiers poussent - à rebours du postulat de l’Académie de médecine - à aller plus loin et permettre l’extension de la pratique avancée, à la mesure des besoins de prise en charge des patients et des aspirations des professionnels", poursuit l'Ordre infirmier. "La situation dramatique de l’accès aux soins dans notre pays exige de sortir des corporatismes qu’incarne cette position de l’Académie de médecine", a réagi son président, Patrick Chamboredon. Un avis que partagent France Assos Santé et le syndicat UNIPA. Ce dernier s'interroge même : "Le corporatisme de l'ancien monde volera-t-il l'expression de la représentation nationale ?"
France Assos Santé partage la position de @Syndicat_UNIPA
— France Assos Santé (@Fr_Assos_Sante) February 22, 2024
L’intérêt des usagers commande d’élargir l’offre de soins et non de la restreindre encore davantage : la pratique avancée est une chance pour le système de santé français ! https://t.co/f9IZiZNWbI
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