Manque de régulateurs libéraux volontaires : les médecins du Samu de Rouen en grève
Une quarantaine de médecins du Samu de Rouen ont entamé un mouvement de grève le 23 décembre. Ils alertent notamment sur le manque de régulateurs libéraux volontaires pour prendre en charge la permanence des soins ambulatoires. Ce qui reporte la charge sur les médecins du Samu.
C'est un SOS qu'ils ont souhaité lancer. Depuis le 23 décembre, une quarantaine de médecins du Samu de Rouen ont entamé un mouvement de grève, qui a été reconduit "pour une durée indéterminée", afin d'alerter sur le manque de régulateurs libéraux qui prennent en charge les appels relevant de la permanence des soins ambulatoires (PDSA). "Cela représente la plus grosse partie des appels", a indiqué le Dr Fabrice Venier, praticien hospitalier au Samu de Rouen et représentant régional de l'Association des médecins urgentistes de France (Amuf), au micro de BFM Normandie.
"Pendant les vacances [de Noël, NDLR], les médecins régulateurs privés n'étaient plus présents et, pour la rentrée, on apprend qu'ils ne seront plus là ni le samedi matin ni la nuit. Ce manque de régulation est reporté sur les médecins régulateurs publics qui, eux, gèrent l'aide médicale urgente […] Ils se retrouvent à gérer des appels de permanence des soins et des appels urgents noyés dans ce flot d'appels de permanence des soins", a poursuivi l'urgentiste, inquiet face à une telle situation.
"Lors des pics d'appels, il peut y avoir 30, 45 voire 60 minutes avant que le médecin décroche", a précisé le Dr Venier. Face à cette attente interminable, certains patients raccrochent. "S'il s'agit d'un conseil ce n'est pas bien grave, mais s'il s'agit d'une aide médicale urgente, ça peut faire courir des risques importants au patient."
Les grévistes – dont l'action est davantage symbolique puisqu'ils continuent à répondre aux appels – réclament notamment une revalorisation des honoraires des médecins régulateurs libéraux volontaires pour répondre aux appels quelques heures par semaine aux côtés des urgentistes. "Ils demandent aussi à être payés plus cher la nuit que le jour, ce qui n'est pas le cas aujourd'hui", a expliqué à l'AFP le Dr Venier.
L'Amuf, dont il est le représentant régional, insiste également sur l'importance de remplir les listes de gardes revenant aux régulateurs libéraux. "Avant 2003 il y avait une obligation de garde des médecins généralistes, maintenant que ça se fait sur la base du volontariat, on est coincés", a déploré Fabrice Venier.
Les revendications des grévistes portent également sur les heures supplémentaires non payées et le recrutement des personnels paramédicaux, infirmières et brancardiers, détaille l'AFP. "Il y a un épuisement physique et psychologique", a souligné le Dr Venier, "les urgences de toute la région sont totalement saturées. Il y a des gens qui restent deux ou trois jours en attente de lit" dans un service d'hospitalisation.
Contacté par l'AFP, le service communication de l'ARS Normandie a indiqué travailler "régulièrement avec l'ensemble des acteurs du territoire pour mettre en place des réponses organisationnelles et augmenter le nombre de médecins régulateurs libéraux, afin d'adapter les capacités de traitement des appels" à leur augmentation "continue depuis trois ans".
[avec AFP et BFM Normandie]
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