Zéro reste à charge : Agnès Buzyn veut "clore la concertation en mai"

23/01/2018 Par Catherine le Borgne
Assurance maladie / Mutuelles

Le remboursement intégral d'une offre d'optique et de prothèses dentaires et auditives fut une promesse phare de la campagne du candidat Macron. Agnès Buzyn, vient de réunir pour la première fois ce mardi, tous les acteurs concernés, afin de concrétiser cet engagement. La ministre veut clore la concertation en mai, des annonces sur la mise en place pratique suivront en juin.

Le candidat Macron avait promis, d'ici à 2022, un "reste à charge zéro" pour ces produits mal pris en charge par la Sécurité sociale, sans plus de précision sur le périmètre concerné. Les intentions se sont précisées par la suite. L'objectif est d'"aboutir à la création d'un panier de soins "standard" pour lequel le patient n'aura aucun reste à charge", indiquait Agnès Buzyn en octobre, sans s'avancer sur le financement de la mesure par l'Assurance maladie et les complémentaires santé. Ce mardi, la ministre de la Santé est allée un peu plus loin dans les explications, "Nous souhaitons clore cette concertation au mois de mai, de façon à pouvoir annoncer aux Français dans quels délais ils pourront accéder à un panier de soins de qualité pris en charge à 100%", a déclaré la ministre à l'issue de la première réunion rassemblant notamment les professionnels des trois secteurs, l'Assurance maladie et les complémentaires santé. Les associations de patients, la Haute Autorité de Santé et la secrétaire d'Etat à l'Economie, Delphine Gény-Stephann, étaient aussi présentes autour de la table "Des annonces seront faites fin mai ou début juin sur la mise en œuvre du reste à charge zéro pour chacune des filières", a-t-elle ajouté, précisant que "tout ne pourra pas aboutir cette année". La mesure "concernera l'ensemble (des Français) qui disposent d'une couverture complémentaire, soit environ 95% de la population", affirme le ministère de la Santé dans un document de présentation diffusé mardi. Jusqu'à présent, les tractations se sont déroulées en parallèle : les dentistes négocient avec l'Assurance maladie depuis septembre, leur convention ayant été remise sur le métier à cette fin, et des discussions sur l'optique et l'audition ont commencé en novembre sous l'égide de la Direction de la Sécurité sociale, donc de Bercy et de la Santé. Le financement n'était toutefois "pas l'objet aujourd'hui", a assuré Agnès Buzyn, expliquant que "la démarche est d'abord d'identifier (...) les soins absolument nécessaires pour tous les Français", afin de définir un "panier de soins" qui ne soit "pas quelque chose de bas de gamme". Le but n'est cependant pas d'aider ceux qui veulent "accéder à du superflu, de l'esthétique, du luxe" car "il serait dommageable que ce soit pris en charge par la solidarité nationale", a-t-elle averti. Pour la convention dentaire, la ministre de la Santé avait par ailleurs souhaité en novembre qu'un accord puisse être conclu "avant cet été". Mais cette négociation "est complètement à l'arrêt", affirme Catherine Mojaïsky, présidente de la Confédération nationale des syndicats dentaires (CNSD), qui regrette que "tout tourne autour du reste à charge zéro". "Tant qu'on ne connaît pas le financement, on est bloqués", explique-t-elle, estimant que l'exécutif "veut accélérer le processus sans visiblement avoir plus à mettre sur la table", alors que "les complémentaires veulent payer le moins cher possible". L'Assurance maladie pourra toutefois difficilement financer l'ensemble de la réforme. Rien que pour les audioprothèses, l'Unsaf propose d'augmenter la participation de la Sécu de 340 millions d'euros par an d'ici 2020. Le rôle des complémentaires santé fait aussi débat, en particulier dans l'optique. "Si on veut réussir cette réforme, ça ne peut pas se faire dans le cadre de (leurs) réseaux de soins" où assureurs et mutuelles imposent leur prix et conditions de remboursement, prévient M. Balbin président du Rassemblement des opticiens de France (ROF). Avant de savoir qui devra payer, "nous avons besoin de définir quelle sera la population concernée", estime Alain Gerbel, président de la Fédération des opticiens de France (Fnof), considérant que "cette mesure doit concerner tous les Français". [Avec l'AFP]  

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