Les sages-femmes doivent être "prioritaires" pour la prise en charge des grossesses à bas risque, juge l'Igas
Depuis le début de l'année, elles sont déjà descendues cinq fois dans la rue. Les 23 000 sages-femmes de France, qui exercent majoritairement dans les hôpitaux et les cliniques, pâtissent en effet d'un décalage entre leurs compétences et leurs responsabilités, sans cesse croissantes, et leur statut et rémunération, à l'origine, soulignent-elle, d'une "crise des vocations". En réponse à ce mal-être, le Gouvernement a missionné l'Igas afin d'émettre des propositions pour sortir les sages-femmes de cet "entre-deux" dans lequel la profession semble être coincée.
Alors que les compétences des sages-femmes ont été considérablement élargies ces dernières années (vaccination, prévention du tabagisme, IVG…), brouillant "l'identité" de la profession et la lisibilité du parcours pour les patientes, l'Igas préconise ainsi de recentrer leurs missions sur "sur ce qui constitue leur cœur de métier : la prise en charge de la grossesse physiologique et le suivi gynécologique". Il recommande ainsi de "prioriser le recours aux sages-femmes dans le suivi des grossesses sans situation à risque ou à faible niveau de risque" et de ne plus "envisager d’extension des missions des sages-femmes au seul motif de la démographie médicale". Au sein des maternités, l'Igas plaide pour la création et le développement d'"espaces physiologiques" dans lesquels exerceront les sages-femmes hospitalières comme les libérales. A l'hôpital public comme dans le secteur privé, la tarification doit accompagner ce recentrage sur la prise en charge des accouchements "à bas risque" par les sages-femmes, précise l'Igas. Enfin, le corps d'inspection interministériel appelle à "prendre les dispositions règlementaires pour permettre une déclinaison effective et rapide de la fonction de sage-femme référente", prévue par la "loi Rist".
Sur le plan du statut, la mission Igas "considère que l’ouverture du statut des praticiens hospitaliers aux sages-femmes de l’hôpital public, revendiquée par de nombreuses organisations professionnelles, ne correspond pas à une solution adaptée". "Indépendamment du surcoût annuel exorbitant évalué par la mission à près de 1 Mds €, la durée de la formation et la nature des responsabilités ne justifient pas cette ouverture", tranche l'Igas. Le statut de la fonction publique hospitalière étant trop "contraignant", l'Igas recommande de créer un "statut spécifique d'agent public" qui "correspondrait mieux aujourd’hui à la particularité de l’exercice des missions des sages-femmes et à leur appartenance aux professions médicales". Seul ce sur-mesure statutaire permettrait une réponse complète et adaptée. Il doit s'accompagner d'une "revalorisation salariale significative" pour mieux positionner les sages-femmes dans l'échelle des rémunérations des professions de santé.
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