La colère est palpable chez les généralistes. A la veille des vacances scolaires, certains ont déjà annoncé qu’ils participeraient au mouvement de grève initié par le collectif Médecins pour demain, qui a appelé à la fermeture des cabinets entre Noël et le Nouvel an. Une initiative soutenue par l’UFML-S et la FMF. Si la CSMF appelle, elle, à ne fermer les cabinets que le samedi matin, MG France n’a pas pris position en faveur de l’une ou de l’autre des actions. Lors d’une conférence de presse organisée ce vendredi 16 décembre au matin, sa présidente, la Dre Agnès Giannotti, a dit vouloir poursuivre le mouvement intersyndical des Vendredis de la colère, qui traduit le ras-le-bol de toute une profession. "Les médecins généralistes ne vont pas souvent dans la rue. Que tout le monde manifeste un ras-le-bol extrême comme cela témoigne d’une fatigue", a estimé la généraliste installée dans le 18e arrondissement de la capitale. Rappelant l’investissement sans faille de la profession durant l’épidémie de Covid-19 et la crise des urgences, cet été, la Dre Giannotti a assuré "soutenir tous les médecins qui veulent exprimer leur colère, quelles que soient les actions", y compris ceux qui décideront de faire grève. La praticienne a notamment relayé la pétition lancée par l’antenne du syndicat en Auvergne-Rhône-Alpes, qui a déjà recueilli plus de 40 000 signatures. "Toute la médecine générale est en train de monter en pression", a appuyé le secrétaire général adjoint du syndicat. "Elle est en grand danger", a-t-il alerté. Ce mouvement de colère inédit, et qui s’installe dans la durée, est le résultat, selon MG France, d’une série de signaux négatifs envoyés aux généralistes durant l’automne. Entre autres, les conclusions du comité inter-ordres (Clio), réunissant les sept ordres professionnels de santé, qui a prôné le partage d’actes et d’activités entre médecins et autres soignants, avance la Dre Giannotti. En clair, "on nous dit ‘s’il n’y a pas de médecins, on va s’en passer’", fustige la présidente. "On passe pour les boucs émissaires d’un système en crise !"
Peu avant, la présentation du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2023 avait déjà attisé le feu, avec un budget de la santé de ville en baisse, puis l’introduction d’une expérimentation d’accès direct aux infirmières en pratique avancée (IPA). La quatrième année d’internat de médecine générale a été le coup de grâce pour cette profession dont la démographie est en berne. "Si on décourage les jeunes à venir s’installer, je ne sais pas qui va soigner la population demain." Outre les propositions parlementaires coercitives, les discussions autour de la proposition de loi Rist, qui vise à instituer un accès direct aux IPA, aux kinés et aux orthoptistes, n’ont fait qu’ajouter de l’huile sur le feu. Si cet accès doit, d’après le texte porté par la députée Stéphanie Rist, s’inscrire dans une démarche de coordination, pour MG France, il n’en est rien. "Il suffit d’adhérer à une CPTS", dénonce la Dre Giannotti. "On veut travailler avec les IPA mais en très proche coordination", a-t-elle précisé. "Entre toutes ces démarches, la technique du monde politique est d’opposer les professions" de santé, a regretté la généraliste parisienne, qui observe que sur le terrain, "tout se passe bien". La syndicaliste a ainsi souhaité lancer un message clair au Gouvernement et au parlementaires : "S’ils détruisent la profession de médecin généraliste traitant par des mesures de la sorte, il faut qu’ils s’apprêtent à faire face à une crise majeure." Si le PLFSS est définitivement adopté, la proposition de loi Rist doit, elle, être examinée à la mi-janvier. Un rendez-vous que le syndicat ne compte pas manquer. "Si elle passe, il est probable qu’il y ait des réactions assez virulentes", avance la Dre Giannotti, soulignant que "le mépris affiché" par les politiques "est absolument insupportable" alors que les généralistes "veulent continuer à être là", présents aux côtés de leurs patients. Pour exercer leur travail dans de bonnes conditions, MG France réclame une "valorisation de la fonction spécifique du médecin généraliste traitant" et plus de moyens – notamment d’assistants médicaux. Des revendications qu’elles portent d’ailleurs dans les négociations sur la future convention médicale entre les syndicats médicaux et l’Assurance maladie. Hier, s’est d’ailleurs déroulée la deuxième séance au sortir de laquelle MG France a dit entrevoir "une lueur d’espoir", tout en craignant que les avancées évoquées soient stoppées par l’enveloppe.
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