La scène s’est passée il y a longtemps, il y a au moins vingt ans, peut-être même trente. Un jour, je circulais en voiture avec ma femme, également médecin, quand on arrive sur la scène d’un accident. Il vient tout juste de se produire, à peine quelques secondes auparavant. On s’arrête, évidemment. Un gamin d’une dizaine d’années vient d’être percuté de plein fouet par un car. Je connais le gamin. Je connais sa famille.
Il est inconscient, et en très sale état. Son visage est en sang. Il n’y a pas de Smur, pas de Samu, rien, strictement rien. Il nous faut agir, et vite, car il n’arrive pas à respirer. Et pour cause : sa bouche est pleine de sang, de dents cassées. Son nez aussi est obstrué par le sang. Il faut absolument lui libérer les voies respiratoires. Impossible de lui passer une sonde. Ma femme a alors une idée : il y a une bouffarde dans la voiture, une sorte de...
petite pipe légèrement courbée en forme de “S”. Elle a la forme d’une canule de mayo, qu’on met dans la bouche des gens pour intuber. Ni une ni deux, on se décide à l’utiliser. Pas le choix, on n’a rien d’autre sous la main. On a un mal fou à ouvrir la bouche, car le gamin a probablement une fracture du maxillaire. Ma femme parvient tant bien que mal à passer la bouffarde… Puis d’un coup, on entend un bruit de respiration. Il respire, presque normalement. Malgré la violence du choc, les contusions thoraciques n’ont bizarrement pas été trop graves.
Les pompiers prennent la relève, il est amené à l’hôpital où il est intubé et placé en réanimation. Il s’en sortira. Avec des séquelles, bien sûr, mais il s’en sortira.
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