Les généralistes ayant embauché un assistant médical ont augmenté leur patientèle au-delà des espérances, montre une étude de la Cnam
Quatre ans après la signature des premiers contrats d'aide à l'emploi d'un assistant médical, la Caisse national d'Assurance maladie (Cnam) dresse un bilan portant sur l'activité de 402 médecins généralistes. L'étude révèle que leur patientèle médecin traitant a augmenté en moyenne de 19.5%, bien au-delà des objectifs qui leur avaient été fixés.
7240. C'est le nombre de contrats d'aide à l'emploi d'un assistant médical (AM) qui étaient recensés par la Cnam à la fin du mois d'octobre 2024. Alors qu'un objectif de 10 000 assistants a été fixé, "la montée en charge du dispositif est assez régulière depuis son lancement et les premières adhésions au second semestre 2019", relève l'Assurance maladie dans un "point de repère"? diffusé mardi 3 décembre. Cette étude dresse "un premier bilan" de l'aide à l'embauche (jusqu'à 38 000 euros par an pour 1 ETP) mise en place par l'avenant 7 à la convention médicale de 2016, devenue par la suite une "aide à l'emploi" pérenne.
Pour ce faire, la Cnam a analysé l'activité des généralistes ayant signé leur contrat entre le 1er septembre 2019 et le 31 août 2020, pour limiter au maximum les impacts de la crise du Covid. Quatre ans plus tard*, les 402 médecins concernés ont augmenté leur patientèle médecin traitant de 19.5%, passant de 1318 patients MT en moyenne à 1576, révèle l'étude. C'est 11 points de plus que l'objectif moyen qui leur avait été fixé par la Cnam en contrepartie de l'aide financière (+8.5%).
Un objectif largement dépassé
Les médecins qui se situaient entre les 30e et le 50e percentiles de leur profession se distinguent par la plus forte hausse (+ 49.6%), avec en moyenne 324 patients MT suivis en plus. Même les généralistes dont l'activité initiale les plaçait au 95e percentile, ou au-delà, ont augmenté leur patientèle de 15.8% en moyenne, dépassant "largement" leur objectif qui était de la maintenir -pour ceux qui avaient recours à un 1/3 ETP ou ½ ETP d'assistant- ou de l'augmenter légèrement (+5%) pour ceux qui ont embauché un assistant à temps plein.
Surtout, l'étude démontre que la hausse de la patientèle MT des généralistes signataires d'un contrat d'aide à l'emploi d'un AM est "significativement plus élevée" que celle des 18 580 praticiens non signataires avec lesquels la Cnam établit ses comparaisons**. Pour ces derniers, elle n'a augmenté "que" de 6.6% sur la période, s'établissant en moyenne à 1365 patients MT.
2 actes par jour en plus
Cette hausse s'accompagne, en outre, d'une augmentation du nombre d'actes par jour travaillé. En moyenne, les médecins signataires ont réalisé 2 actes de plus par jour, contre +0.1 pour les non signataires.
En revanche, l'augmentation de la file active n'est pas aussi forte qu'attendue. "Sur les 402 contrats, l’objectif est une augmentation de la file active de +7,2%, passant de 2 397 à 2 571 patients. L’évolution observée après 48 mois est de +4,5%, soit une file active moyenne de 2 506 patients", signale la Cnam. Une baisse est même relevée pour les médecins signataires d'un contrat avec l'option 1/3 d'ETP (-1.1%). A titre de comparaison, la file active moyenne des non signataires a diminué de 5.3% sur la période.
La Cnam "pas du tout" l'intention "d'aller traquer les médecins qui n'ont pas réussi à atteindre leurs objectifs"
Interrogée par Egora en octobre dernier à ce sujet, Marguerite Cazeneuve, directrice déléguée de la Cnam chargée de l'organisation des soins, avait assuré que l'Assurance maladie n'avait "pas du tout" l'intention "d'aller traquer les médecins qui n'ont pas réussi à atteindre leurs objectifs", "mais de les accompagner parce qu'on voit qu'un médecin qui a un assistant médical est plus heureux et qu'il a naturellement une patientèle qui augmente". "Nous, on est très bienveillants par rapport à ça", avait-elle soutenu.
Pour la Cnam en effet, le bilan est largement positif. "La comparaison de l’évolution d’activité entre les médecins signataires d’un contrat et les non signataires semble pointer l’efficacité du dispositif et sa capacité à dégager du temps au médecin pour augmenter sa patientèle et le nombre de consultations quotidiennes", conclut l'étude. L'étude souffre toutefois d'un "certain nombre de limites méthodologiques", reconnaît la Cnam. Outre la taille réduite de l'échantillon, elle présente "un biais de sélection", les "premiers signataires" de ces contrats étant "probablement" des professionnels "engagés dans une démarche d’augmentation de leur activité". Ces bons résultats restent donc à "confirmer".
Qui sont les médecins signataires ?
Les 7240 contrats recensés ont été signés à 77% par des généralistes (soit 5283 contrats) et à 23% par d'autres spécialistes (1957 contrats). Cela représente respectivement 14,5% des généralistes et 11,1% des spécialistes éligibles, indique la Cnam. A noter que 1432 contrats ont été conclus par des praticiens nouvellement installés, qui ont trois ans pour atteindre "la médiane du nombre de patients dans la distribution nationale de leur spécialité", avant que leur objectif ne soit "révisé".
Plus d’un tiers des signataires ont une patientèle initiale comprise entre le 30e percentile et le 49e percentile de leur profession (36%), près de la moitié ont une patientèle initiale comprise entre le 50e et le 94e percentile (47%), et 17% des signataires ont une patientèle initiale supérieure ou égale au 95e percentile de leur profession. Les médecins exerçant en zone sous dense représentent 57% des médecins signataires.
Plus d’un sixième des contrats ont été signés avec l’option 1/3 ETP (17%), près de la moitié des médecins ont choisi l’option 1/2 ETP (44%) et l’option 1 ETP a été choisie par 39% des médecins signataires. Les profils des assistants médicaux embauchés varient tout autant que les missions qui sont leur sont confiées (tâches administratives, préparation de la consultation, coordination…) : 54% sont d'anciennes secrétaires médicales et 9% d'anciennes infirmières.
*Soit le 30 juin 2023 pour les médecins dont la patientèle et la file active avaient été relevées initialement le 30 juin 2019, et 31 décembre 2023 pour ceux dont le point de référence était le 31 décembre 2019.
**N'ont été retenus que ceux qui étaient éligibles au dispositif.
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