Article initialement publié sur le site Concourspluripro.fr Quelles sont les pratiques des médecins généralistes en matière de prévention ? Le 4e Panel d’observation des pratiques et des conditions d’exercice en médecine générale livre les résultats d’une enquête menée entre décembre 2019 et mars 2020 auprès de 3 300 médecins généralistes libéraux*.
1 MG sur 5 impliqué dans l’organisation d’actions de prévention collective
21% des médecins interrogés déclarent avoir "contribué, au cours des deux dernières années, à l’organisation d’actions de prévention collective auprès de groupes de populations cibles" : personnes âgées, personnes vivant dans des territoires fragiles, public scolaire… Pour trois-quarts d’entre eux, cette participation s’est inscrite dans le cadre de leur exercice libéral – et un quart lors d’une activité salariée associée à leur activité libérale. Si peu de différences ont été notées dans leur contribution à l’organisation d’actions de prévention collective en fonction de l’âge, du sexe ou du volume d’activité de ces praticiens, les médecins exerçant au sein des MSP déclarent y avoir participé "plus fréquemment" (55 %) que ceux exerçant en exercice isolée (20 %) ou sous une autre forme d’exercice regroupé (14%). Ce que la Drees justifie, en partie, par les "caractéristiques organisationnelles" et les "missions" des MSP. Pour 18% des praticiens interrogés, leur dernière action de prévention a été réalisée "seul ou à leur initiative personnelle" tandis que 82% l’ont menée "dans une dynamique collective, que ce soit avec l’appui, en lien ou à la demande d’autres acteurs". Quel que soit leur mode d’exercice, les médecins citent le plus fréquemment, comme acteurs et partenaires, les autres médecins et professionnels de santé, notamment pour ceux exerçant en MSP. Ils citent moins souvent l’implication des autres types d’acteurs, comme les associations locales ou les partenaires institutionnels, note la Drees.
1 MG sur 3 a déjà participé au "Mois sans tabac"
"La participation des médecins généralistes au dispositif ‘Mois sans tabac’ permet d’étudier leur mobilisation dans le cadre d’une action de prévention collective d’ampleur nationale", note la Drees. Organisée en deux temps – opérations de communication et de sensibilisation en octobre, actions de soutien en novembre –, la campagne incite, en effet, les professionnels de santé à en parler à leurs patients et à leur remettre des dépliants et un kit d’aide à l’arrêt. Près d’un tiers (30%) des généralistes disent y avoir déjà participé ou vouloir y participer. Et ceux qui exercent en MSP sont plus nombreux (56%) que ceux exerçant seuls (29%) ou sous une autre forme d’exercice regroupé (24%). Comment expliquer cet écart ? Pour la Drees, cela est motivé, d’une part, par "l’environnement pluriprofessionnel des MSP, propice à l’investissement dans des actions de santé publique et/ou l’existence au sein de ces structures de projets de santé intégrant potentiellement un volet prévention", et d’autre part, par "les échanges directs entre les organisateurs du dispositif et les professionnels de santé (…) facilités dans le cadre de structures d’exercice coordonné". Selon l’enquête, "aucune autre différence selon les caractéristiques des médecins ou de leur lieu d’exercice n’est mise en évidence".
Outils de prévention : les médecins femmes mieux équipées
Si la grosse majorité des généralistes ont dans leur cabinet des messages et outils de prévention (83%), sous la forme de flyers ou de brochures papier, cette proportion est plus élevée chez ceux exerçant en groupe [MSP (89 %) ou hors MSP (86 %)] que ceux exerçant seuls (79 %). Elle est aussi plus élevée chez les médecins femmes (89 % contre 79 % des hommes), et ceux déclarant être impliqués dans des actions de prévention collective (88 % contre 80 %). L’enquête note également que les médecins exerçant en région Paca sont moins équipés que ceux des Pays de la Loire (86%) et d’autres régions (84%).
En revanche, les auto-questionnaires destinés à faciliter les échanges avec les patients sont moins souvent mis à disposition : seuls 41% des médecins déclarent en proposer dans leur cabinet, quel que soit leur lieu d’exercice. En revanche, un tiers "envisageraient de le faire si on leur en proposait". Une fois impliqués dans des actions de prévention collective, ils sont 51% à le proposer "plus fréquemment" que les autres (35%). De plus, si 7 % des médecins seulement ont dans leur cabinet des messages vidéo de prévention – mais 24 % de ceux qui n’en disposent pas envisageraient de le faire si on leur en proposait –, la proposition est plus forte chez les médecins exerçant en MSP (17%). Une fréquence plus importante d’utilisation de messages vidéo est constatée "chez les médecins ayant un volume d’activité élevé (au-dessus du 3e quartile : 9 % contre 8 % entre le 1er et le 3e quartile et 5 % en dessous du 1er quartile)", note l’enquête.
CCP et CSO : 3 MG sur 4 connaissent l’une des deux cotations complexes prévention
Pour rappel, depuis le 1er novembre 2017, certaines consultations complexes (CCP et CSO) entrant dans le champ de la prévention font l’objet de cotations spécifiques, et permettent ainsi une facturation majorée de ces consultations, soit à 46 euros. Attention, rappelle la Drees la cotation CSO ne peut être utilisée au maximum que deux fois par an et par enfant. 78% des généralistes connaissent au moins une de ces cotations. Si 30% des médecins déclarent avoir utilisé la cotation des consultations de contraception et de prévention des maladies sexuellement transmissibles pour les jeunes filles de 15 à 18 ans (cotation CCP) au cours des six derniers mois, 39 % ne l’ont pas utilisée mais la connaissent, et 31 % ne la connaissent pas. L’utilisation est plus forte chez les plus jeunes médecins (53 % des moins de 45 ans ; 43 % des 45-59 ans ; 34 % des 60 ans ou plus), chez les femmes (51 %), chez ceux exerçant en MSP (56 % contre 39 % chez ceux exerçant seuls), et chez ceux impliqués dans des actions de prévention collective (51 % contre 39 %).
En ce qui concerne les consultations de suivi et de coordination de la prise en charge des enfants de 3 à 12 ans en risque avéré d’obésité (cotation CSO), 17 % des médecins déclarent l’avoir utilisée au cours des six derniers mois, 47 % ne l’ont pas utilisée mais la connaissent, et 36 % ne la connaissent pas. Comme pour la CCP, l’utilisation est plus élevée chez les jeunes médecins (30 % des moins de 45 ans ; 24 % des 45-59 ans ; 24 % des 60 ans ou plus) et chez ceux impliqués dans des actions de prévention collective (31 % contre 22 %). 46 % des médecins généralistes estiment que la création des consultations spécifiques dédiées à la prévention leur "permet ou permettrait d’y consacrer plus de temps". Ceux qui ont eu recours à au moins une de ces deux cotations y trouvent un intérêt et consacrent plus de temps à la prévention (61 %). Les perceptions diffèrent selon les caractéristiques des médecins et leur environnement d’exercice. Les médecins femmes y trouvent davantage un intérêt (52 % contre 43 % pour leurs confrères hommes) ainsi que les praticiens les plus jeunes (54 % des moins de 45 ans ; 45 % des 45-59 ans ; 42 % des 60 ans ou plus).
47% des MG estiment que la Rosp a un effet positif sur leurs pratiques de prévention
Près de la moitié des médecins estiment que la rémunération sur objectifs de santé publique (Rosp) les a "plus souvent" conduits à une pratique de prévention dans au moins l’un des trois domaines étudiés rappeler à leurs patients âgés de 65 ans ou plus de se faire vacciner contre la grippe (29%), rappeler à leurs patientes concernées de participer au dépistage (organisé ou individuel) du cancer du sein ou de faire un frottis cervico-utérin (35%), proposer à leurs patients tabagiques ou consommateurs excessifs d’alcool une démarche d’intervention brève sur leur consommation (35%). Pour ce qui est de la vaccination antigrippale des plus de 65 ans et le dépistage des cancers gynécologiques, les médecins hommes estiment plus fréquemment que la Rosp les a conduits à intensifier leurs pratiques de prévention. Par ailleurs, 39 % (contre 29 % des femmes) indiquent plus souvent rappeler aux patientes concernées de participer au dépistage du cancer du sein ou de faire un frottis cervico-utérin. Les médecins de la région Paca sont plus nombreux à penser que la Rosp leur a fait modifier leurs pratiques de prévention dans ces deux domaines, par rapport aux médecins des autres régions.
L’enquête note finalement une intensification des pratiques de prévention :
- pour la vaccination antigrippale : 35 % des médecins en Paca, 31 % en Pays de la Loire, 28 % dans les autres régions ;
- pour le dépistage de cancers gynécologiques : 41 % en Paca, 36 % en Pays de la Loire, 34 % dans les autres régions. Toujours en matière de dépistage des cancers gynécologiques, les médecins impliqués dans des actions de prévention collective pensent davantage (40 % contre 31 % pour les autres) que la Rosp a eu un effet positif sur leurs pratiques préventives. Pour ce qui est des démarches d’intervention brève sur la consommation de tabac ou d’alcool, 39% des médecins qui ont suivi une formation complémentaire dans le domaine des conduites addictives pensent que la Rosp les a conduits à intensifier leurs pratiques dans ce domaine (contre 32 %).
Si les missions de prévention sont intégrées dans la pratique des médecins généralistes, celles-ci sont davantage "reconnues et valorisées" depuis une dizaine d’années, précise la Drees, tant dans le cadre individuel de la consultation (création de nouveaux dispositifs de rémunération tels que la rémunération sur objectifs de santé publique ou les cotations spécifiques de consultations complexes en prévention), que dans un cadre collectif (développement de campagnes de santé publique pour appuyer les démarches individuelles, comme le dispositif Mois sans tabac). "De nouvelles organisations en soins primaires contribuent également à favoriser les pratiques préventives des médecins généralistes", note le communiqué, notamment avec le développement de l’exercice groupé : MSP, CPTS et ESP.
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