Qualité des soins : le cri d’alarme des médecins et infirmières

05/06/2019 Par Aveline Marques
Les soignants sont à la peine. Alors que près de 80 services d’urgences sont en grève, les résultats de la 2e édition du Baromètre qualité des soins réalisé par Egora.fr et 360 Medics objectivent le sentiment d’une dégradation continue de la qualité des soins chez les médecins et infirmières.

  La note attribuée l’an dernier par les médecins et infirmières à la qualité des soins est en France était déjà basse. Elle a encore chuté cette année. Les soignants interrogés dans le cadre de ce second Baromètre Egora.fr/360 Medics* lui attribuent à peine la moyenne : 5,01/10, contre 5,58 en 2018. Ce sentiment de dégradation est plus durement ressenti chez les infirmières (4,81, contre 5,11 en 2018) que chez les médecins (5,8 contre 6,31). Les étudiants ne sont guère plus optimistes : les carabins attribuent une note de 6,14 à la qualité des soins (6,71 l’an dernier) et les étudiantes infirmières 5,06 (contre 5,28). La qualité des soins est jugée meilleure par les médecins salariés non hospitaliers (6,02) que par les hospitaliers (5,98), les libéraux (5,72) et les médecins à exercice mixte (5,64). Mais la perception la plus négative se retrouve chez les infirmières hospitalières (4,76), en première ligne face à la détresse des patients.

Résultat : près de 93 % des médecins en exercice et 99% des infirmières en exercice estiment que la qualité des soins est en danger en France. Près de 9 médecins en exercice sur 10 estiment qu’elles s’est dégradée au cours des cinq dernières années ; sentiment partagé par 94% des infirmières. Le principal facteur impactant la qualité des soins est systémique et traduit une réalité forte : la surcharge de travail et/ou le sous-effectif. Viennent ensuite, pour les médecins, les contraintes imposées par les administrations et autorités de santé. Les répondants citent ensuite le manque de moyens financiers, le bien-être (ou le mal-être en l’occurrence) des professionnels de santé et les modalités de tarification des actes. La mauvaise transmission de l’information patients et le défaut de formation continue sont cités en dernier.

A l’échelle individuelle, les conditions matérielles de travail et le moral sont considérés comme les facteurs les plus impactant par les médecins comme par les infirmières. Ces derniers s’efforcent de maintenir la qualité des soins en utilisant divers outils pour optimiser leur pratique au quotidien, comme les bases médicamenteuses mobiles (utilisées par 66% des médecins répondants) ou les outils d’aide à la prescription (54% des praticiens). Les médecins en exercice se tiennent informés :  un tiers des sondés effectuent une veille scientifique simplifiée et la moitié consultent l’actualité médicale au moins une fois par jour. Mais leurs ressources ne sont pas inépuisables. "Très engagés" dans l'amélioration de la qualité des soins en 2018, la majorité des soignants déclarent être désormais "moyennement engagés". Les résultats de ce baromètre 2019 montrent que c’est la qualité de la transmission des informations patient qui pâtie le plus de cette dégradation systémique : les médecins attribuent une note de 6,7 sur 10 à leur engagement dans ce domaine, contre 8,1 l’an passé ; même chute chez les infirmières (de 8,7 à 7,5).        

Des professionnels de santé qui s’essoufflent donc, mais s’investissent toujours plus : 74% des médecins et 78% des infirmières déclarent que la qualité des soins a nécessité "plus d’engagement personnel" au cours des cinq dernières années.  

*Communautés 360 medics et Egora interrogées via un sondage auto-administré sur Internet du 1er au 24 avril 2019. 4 635 professionnels de santé participants. 1 270 médecins ou futurs médecins et 2 308 infirmiers ou futurs infirmiers conservés pour l’analyse par profession, soit 3 578 répondants.

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