“Très vite, les médecins se sont retrouvés prêts à affronter cette épidémie et, en même temps, ils n’ont pas été suffisamment impliqués dans la mesure où la population ne venait plus les voir”, a déploré Jacques Battistoni, en conférence de presse jeudi 9 avril. Dénonçant une communication de l’Etat “incohérente” et “inadaptée”, mais aussi un hospitalo-centrisme et des mesures “désastreuses” en termes de prise en charge, le président du syndicat MG France a souhaité mettre l’accent sur le rôle nécessaire des généralistes pour la suite de l’épidémie. En effet, si les services hospitaliers se sont, dès le départ, retrouvés débordés, les cabinets ont, petit à petit, été désertés. Et le confinement, augmentant la crainte des patients, n’a fait qu’aggraver la situation au sein des cabinets. Pourtant, les généralistes “ont fait un réel effort d’adaptation”, a constaté Jacques Battistoni. Des fluxs séparés ont été, par exemple, créés au sein des cabinets et les médecins se sont emparés de la télémédecine. “Très vite, elle est apparue comme la première des mesure barrière efficace”, a estimé le président du syndicat. Des centres Covid ont également fleuri dans plusieurs territoires, comme dans le 18e arrondissement de Paris. Une enquête inédite, menée entre le 31 mars et le 3 avril par le syndicat a, par ailleurs, montré l’importance des généralistes dans la gestion de la crise sanitaire. Celle-ci indique que le nombre de cas Covid pris en charge par les médecins de ville était estimé à plus d’1,5 millions. ”Le Covid-19 est d’abord et avant tout une pathologie de médecine libérale”, a insisté Jacques Battistoni.
“Des hôpitaux contournent la ville” Dans un avis, le conseil scientifique a également insisté sur la nécessité pour les soins primaires s’approprient “le suivi des populations fragiles, des patients chroniques”. Une note de la direction générale de la Santé, publiée sur le fil DGS-Urgent, a elle aussi récemment mis l’accent sur ce besoin. “J’ai envie de dire : il était temps”, a souligné ironiquement Jacques Battistoni. “Nous avons attiré l’attention à plusieurs reprises du Gouvernement et de l’Assurance maladie sur ce point, nous finissons par être entendus. Mais que de temps perdu”, a regretté le président. Dans la 18e arrondissement de la capitale, un quartier très populaire, les praticiens n’ont pas attendu ces approbations pour s’organiser. Une organisation permettant de gérer les patients avant l’entrée à l’hôpital et ceux sortant de l’hôpital a été mise en place. Deux MSP ont fait office de centres Covid, a indiqué le Dr Agnès Giannotti, vice-présidente MG France, et généraliste dans cet arrondissement. Le Dr Battistoni déplore enfin que “des initiatives d’hôpitaux” qui “quelque part ne font pas totalement confiance aux soignants de ville” soient mises en place pour “contourner” le médecin traitant et organiser le suivi des patients sortis de l’hôpital. “L’hôpital doit rester le troisième recours”, a insisté le président du syndicat. “Il est légitime que l’hôpital se préoccupe de ce que deviennent les patients qu’il laisse sortir. Mais il doit aussi tenir compte des médecins de ville en n’organisant pas des circuits de prise en charge différents”, estime pour sa part Agnès Giannotti.
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