Hôpital public : 42% des directrices victimes de violences sexistes et sexuelles
Selon une nouvelle étude menée par le Centre national de gestion (CNG), 29% des directrices et directeurs de la fonction publique hospitalière ont été victimes de violences sexistes et sexuelles au cours des trois dernières années. Ce chiffre atteint 42% chez les femmes. Les signalements, eux, ne sont pas assez nombreux.
29% des directrices et directeurs de la fonction publique hospitalière ont été victimes d'au moins une violence sexiste et sexuelle (VSS) au cours des trois dernières années. Ce chiffre atteint les 42% chez les femmes, contre 9% chez les hommes. C'est ce que révèle une enquête menée par le Centre national de gestion (CNG) durant le second semestre de l'année 2023, et dont les résultats ont été diffusés mardi 3 septembre. Cette étude a été réalisée auprès de 1 171 directeurs – hommes et femmes - de la fonction publique hospitalière*.
Alors qu'une nouvelle vague #MeToo a ébranlé le monde de l'hôpital au printemps 2024, cette étude met en avant l'existence des VSS au sein même des directions des établissements publics. 43% des directrices et directeurs y affirment, en effet, avoir été témoin de sexisme ou victime d'au moins une VSS. 70% des hommes déclarent n'avoir été ni témoin de sexisme ni victime de VSS, contre 45,4% des femmes.
Au total, 900 '"phénomènes" ayant eu lieu au cours des trois dernières années ont été déclarés dans cette enquête. Dans 61% des cas, le répondant a été victime de VSS. Cela correspond, à 56%, à des remarques déplacées.
Les auteurs de ces violences sont à 77% un ou des hommes, note le CNG. Et, dans 58% des cas, l'auteur de ces VSS appartient au cercle professionnel proche de la victime : un membre de la gouvernance (22%), un membre de l'équipe de direction (18%) ou un supérieur hiérarque (18%).
Des signalements encore faibles
Seules 57% de ces VSS sont pourtant évoqués ou signalés à un tiers. Un manque de signalements qui s'explique notamment par "la certitude que rien ne se passera", mais aussi par une absence de prise de conscience de la gravité des faits. "Lorsque le répondant est témoin, les faits de sexisme sont évoqués avec des tiers dans 74% des cas. Pour les cas où le répondant est une victime, les faits sont peu évoqués [ou] signalés, mais plutôt gardés pour soi. Lorsqu’ils ne sont pas tus, ils sont majoritairement rapportés à un collègue. Le dispositif de signalement interne est très peu utilisé par les directeurs [et directrices]", avance CNG.
Pour les victimes, ces violences peuvent avoir des conséquences directes. Elles entraînent notamment une dégradation de leur relation de travail (32%), un sentiment d’insécurité au travail (26% chez les victimes directes de VSS) et impactent leur vie personnelle (15%).
Au-delà des VSS, cette enquête s'intéresse aussi aux discriminations subies par les directrices et directeurs de la fonction publique hospitalière. Au travail, 31% des répondants disent subir des discriminations liées à leur âge. "Viennent ensuite les discriminations liées au sexe ou à l’identité de genre, pour 28% [d'entre eux], avec un écart très important entre les femmes (42%) et les hommes (7%)", complète le CNG. 11% des directrices et directeurs subissent, eux, des discriminations réelles ou supposées liées à leurs origines.
D'autres chiffres portent, eux, sur l'accès aux responsabilités des répondants. Ils sont ainsi 59% intéressés par une chefferie, un emploi supérieur ou à y avoir déjà accédé : les hommes se déclarent plus intéressés (69,5%) que les femmes (52%).
Des similitudes avec une autre étude
De plus, 54% des femmes répondantes expliquent avoir l'impression de voir leurs capacités ou leurs compétences remises en doute dans leur exercice professionnel, contre 47% d'hommes. "On observe de forts écarts de perception entre les femmes et les hommes sur divers aspects professionnels", indique le CNG, dans son enquête. En effet, "les hommes pensent beaucoup moins que les femmes que le leadership puisse être différemment perçu selon le sexe du candidat par un recruteur" ou "que les femmes rencontrent des difficultés particulières, liées au fait d’être une femme, pour leur progression de carrière".
Rappelant son opposition à toutes les formes de discriminations et à l'inégalité professionnelle entre les femmes et les hommes, le CNG voit dans les résultats de cette étude des similitudes avec ceux issus du cinquième baromètre de l'association Donner des Elles à la santé, publié en juin dernier. Menée auprès de 500 médecins hospitaliers – hommes et femmes -, elle révélait notamment que 39% des praticiennes avaient été victimes de comportements sexistes au cours des douze derniers mois.
*Cela représente près de 27% de l'ensemble des directrices et directeurs exerçant en établissement en France.
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