La Fédération hospitalière de France a mené une enquête auprès de 5600 médecins et étudiants sur ce qui fonde l'attractivité d'un poste.
En 2016, 26.5% des postes de praticien hospitalier temps plein et 46.1% des postes à temps partiel sont restés vacants. "L'attractivité est un sujet d'inquiétude, sinon d'angoisse, pour nous", reconnaît Frédéric Valletoux, président de la Fédération hospitalière de France, commanditaire d'une enquête sur le sujet. Quelque 5600 étudiants et médecins y ont participé. Le travail en équipe est en tête des éléments qui fondent l'attractivité de l'hôpital public chez les médecins (63.9%). Viennent ensuite les valeurs de service public (56.5%), l'intérêt clinique (44.3%), la possibilité de développer d'autres activités, tels l'enseignement et la recherche (33.3%), et l'accès aux plateaux techniques (28.7%). Chez les étudiants, l'ordre des priorités s'inverse : c'est l'accès au plateaux techniques qui prime (54.7%), devant le travail en équipe, la possibilité de développer d'autres activités, l'accès à la formation médicale et l'intérêt clinique. Les valeurs du service public ne séduisent que 29% des jeunes.
Et la rémunération?
Dans ce contexte, les GHT et leurs projets médicaux de territoire sont plutôt vus d'un bon œil par les répondants (42.6% d'opinions positives) car ils devraient permettre aux petits établissements d'accéder aux plateaux techniques lourds et aux praticiens d'organiser la permanence des soins à l'échelle territoriale. Quid de la rémunération ? "Ce n'est pas la priorité", s'accordent les organisations représentatives présentes. "Plus que gagner plus, ce qui compte c'est de travailler dans de bonnes conditions", résume Olivier Lepennetier, président de l'Intersyndicale nationale des internes (Isni). Mais tous soulignent la nécessité de revaloriser les premiers échelons. "Quand vous réunissez les jeunes médecins d'une discipline en difficulté, ils vont parler organisation, équipe, reconnaissance, nuance le Pr Michel Claudon, président de la conférence des présidents de CME de CHU. Mais quand on recrute un jeune médecin individuellement sa question au final c'est: "combien ?". Et dans un certain nombre de spécialités (radiologie, anesthésie, psychiatrie), l'hôpital public ne peut rivaliser avec le privé sur ce plan. L'enquête pointe également les failles des établissements publics en matière de ressources humaines, comme la qualité de l'intégration. Si la majorité des étudiants la jugent bonne ou moyenne, les professionnels eux l'estiment insuffisante à 33.8%. Alors que la majorité des praticiens effectuent leur carrière dans le même établissement, l'accompagnement des parcours professionnels est jugé défaillant par 67.8% des sondés. Les procédures de recrutement ou de nomination aux postes à responsabilité apparaissent opaques pour les trois quarts des praticiens répondants. Ces derniers veulent pouvoir moduler leurs activités cliniques et non cliniques (recherche, conduite de projets) et plébiscitent les entretiens annuels. Seuls 26% des médecins répondants sont satisfaits de leur équilibre vie professionnelle-vie privée.
Charges de travail inéquitables
Le management médical est un autre point faible. Peu, voire pas du tout, préparés à l'encadrement au cours de leurs études, les médecins sont demandeurs de dispositifs de formation et d'intégration. "Il y a de moins en moins de volontaires et on voit de plus en plus souvent des gens non formés, souligne le Dr Thierry Godeau, président de la conférence des présidents de CME de CH. Le management n'est pas reconnu en terme de temps dédié. Ça vient en plus du boulot de clinicien." L'enquête révèle également un sentiment d'iniquité, notamment sur la charge de travail et les activités. Pour le Pr Claudon, il faudrait pouvoir donner une "forme de reconnaissance financière aux praticiens qui se retroussent les manches", en cas de surcharge d'activités par exemple. Mais la rigidité du statut de praticien ne laisse aucune marge de manœuvre et l'introduction d'une part de rémunération à l'activité, comme dans le privé, reste un sujet tabou.
Pour promouvoir les bonnes pratiques en matière de ressources humaines, la FHF a mis en ligne un mooc (massive online open courses) destiné aux promoteurs de la politique d'attractivité médicale. Plus de 50 témoignages d'acteurs "de premier plan" et 40 outils sont partagés sur cette plateforme.
La sélection de la rédaction
Les complémentaires santé doivent-elles arrêter de rembourser l'ostéopathie ?
Stéphanie Beaujouan
Non
Je vois beaucoup d'agressivité et de contre vérités dans les réponses pour une pratique qui existe depuis 1,5 siècle . La formatio... Lire plus