"Mauvaise foi", "mépris"… Les médecins hospitaliers ulcérés par les propos de Valletoux sur les urgences
Les praticiens hospitaliers dénoncent un "mépris" et un "déni" du Gouvernement après les propos de Frédéric Valletoux assurant qu'une cinquantaine d'hôpitaux "sont actuellement en tension" en France. "Il devient urgent de réaliser un état des lieux objectif de la situation sanitaire de notre pays et d’agir en conséquence", lance ce jeudi 22 août Action Praticiens Hôpital (APH) dans un communiqué.
Les urgences d'"une cinquantaine d'hôpitaux" français "sont actuellement en tension" par manque de personnel, assurait mardi 20 août le ministre délégué à la Santé et à la Prévention, dans les colonnes de Ouest-France. "C'est un peu mieux que l'été dernier et en tout cas les tensions ne sont pas aussi fortes qu'au cours de celui de 2022", ajoutait Frédéric Valletoux.
Ces propos n'ont pas manqué de faire réagir les praticiens hospitaliers, qui pointent du doigt la "mauvaise foi" du ministre démissionaire. "Peut-être que Monsieur le ministre est-il encore sous l’effet euphorisant de l’ambiance des Jeux olympiques pendant que tous les acteurs hospitaliers qui tiennent comme ils le peuvent la barre du juste soin sont au bord d’un gouffre sans précédent", écrit ainsi le syndicat Action Praticiens Hôpital (APH) dans un communiqué diffusé ce 22 août : "Le constat des praticiens de nos syndicats est lui sans appel : la situation sanitaire de notre pays poursuit sa dégradation programmée !"
Ces derniers jours, plusieurs services d'urgences ont tiré la sonnette d'alarme concernant les conditions d'acceuil des patients, comme à Nantes, au Havre ou à Brest. Dans ce dernier établissement, un "mur de la honte" a même été installé pour dénoncer les temps d'attente subis par les patients.
"Tous les établissements de santé en France sont impactés par un manque de personnel et de moyens, et ce n'est pas seulement des urgences dont il s'agit", insiste APH, qui regroupe Avenir Hospitalier et la Confédération des Praticiens des Hôpitaux. "Pour les hospitaliers, il n’y a pas eu de trêve olympique et le nombre de malades qui restent des heures sur des brancards, des nuits et des jours est toujours conséquent. La mortalité de l’été 2024 sera à analyser et APH insiste sur l’impact de la surmortalité liée aux malades 'stockés' sur des brancards par défaut de lits d’hospitalisation."
Un "déni sans limite et indécent"
"Samu-Urgences de France fera son enquête annuelle pour évaluer les impacts des fermetures estivales pour les urgentistes", note le communiqué. De son côté, Action Praticiens Hôpital réalisera également une enquête "auprès des praticiens hospitaliers et hospitalo-universitaires pour analyser la situation".
Dénonçant le "mépris affiché par le Gouvernement", Action Praticiens Hôpital relève "avec regret" que ce "déni […] sur une situation de plus en plus critique pour nos concitoyens, mais également pour les soignants, est sans limite quand il n'est pas indécent." "Si pour certains 'l’essentiel est de participer' ou de communiquer, pour les soignants et les praticiens hospitaliers d'APH, il devient urgent de réaliser un état des lieux objectif de la situation sanitaire de notre pays et d’agir en conséquence", peut-on lire.
Dans ce contexte, APH et les quatorze syndicats de praticiens hospitaliers et hospitalo-universitaires appellent à la mise en place d'un "plan Santé" et d'un "plan Prévention" "pour que la santé de nos concitoyens redevienne une priorité nationale", conclut le communiqué.
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