50 plaintes de patients souffrant de graves séquelles après des opérations : un urologue mis en examen
Un urologue de Besançon a été mis en examen après les plaintes de 37 patients dont la vie est devenue "un enfer" après des opérations ratées des hémorroïdes, a indiqué mardi 1er octobre le procureur de la République. Le praticien de 56 ans a été placé sous contrôle judiciaire avec interdiction d'effectuer des actes chirurgicaux et encourt un an d'emprisonnement.
L'urologue qui exerce à la Polyclinique de Franche-Comté, une clinique privée de Besançon, et conteste toute responsabilité, a été mis en examen le 24 septembre pour "blessures involontaires ayant entraîné moins de trois mois d'interruption temporaire de travail, aggravées par la violation manifestement délibérée d'une obligation de sécurité ou de prudence".
Cet urologue, qui pratiquait des opérations de proctologie, a été placé sous contrôle judiciaire avec interdiction d'effectuer des actes chirurgicaux et encourt un an d'emprisonnement. Une cinquantaine de plaintes de patients et patientes souffrant de graves séquelles après des opérations pratiquées par ce médecin ont été déposées. Mais les faits survenus avant juin 2008 étant prescrits, seuls 37 dossiers de victimes, âgées de 27 à 70 ans, ont été retenus par le magistrat instructeur.
Le praticien "promettait des opérations miracles" des hémorroïdes, "sans prévenir ses patients des risques". Les patients "découvraient après coup qu'ils avaient par exemple des incontinences fortes", explique le procureur de la République, Étienne Manteaux. "Leur vie quotidienne a été très impactée, chacun raconte que c'est devenu un enfer. Certains se retrouvent à 30 ou 40 ans gravement incontinents, quittés par leur conjoint, à devoir porter des couches", relate le magistrat. "Ce sont des patients qui, une fois opérés, se recroquevillaient sur leur détresse. Ils ont commencé à se parler et se sont rendu compte que, contrairement à ce que leur assurait le praticien, ils n'étaient pas seuls".
L'urologue a fait appel de sa mise en examen, ainsi que de son placement sous contrôle judiciaire. "Il considère qu'il est un très bon proctologue et que ces séquelles sont un aléa thérapeutique", a précisé le procureur, soulignant "l'aspect sériel" des faits reprochés au médecin qui "a continué à opérer de la même façon, malgré les alertes des patients". Parmi les 37 plaignants, trois avaient déjà saisi une juridiction civile.
Les expertises rendues dans ce cadre font apparaître un gros défaut d'information des patients sur les risques opératoires et des problèmes dans le geste opératoire. Elles relèvent aussi qu'il existe peu de chirurgies réparatrices pour ces victimes.
[avec AFP]
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