Accusée par les pompiers de simuler, une ado de 13 ans décède des suites d'une hémorragie cérébrale
L'affaire n'est pas sans rappeler le cas de Naomi Musenga, jeune femme de 22 ans décédée fin décembre 2017 des suites d'une intoxication au paracétamol faute d'avoir été prise au sérieux par le 15.
Le 20 juin dernier, Aïcha, 13 ans, est prise d'un malaise au cours du diner. Elle a la tête qui tourne, voit flou et lutte pour rester éveillée. Sa mère appelle alors les pompiers. Mais l'équipe qui intervient vers 20h15 au domicile parisien d'Aïcha ne semble pas prendre ces signes au sérieux. Pour ces derniers, l'adolescente, qui est semi-consciente, est capable de bouger mais ne parle pas, simule : elle se forcerait à fermer les yeux, et ses tremblements seraient "provoqués".
S'ensuivent trente minutes d'échanges, enregistrés par le père, visant notamment à "raisonner" la jeune fille… "Il va vraiment vraiment falloir faire un effort, martèle le chef d'équipe. Vous avez 13 ans, vous êtes grande. Là il faut nous expliquer. Si vous êtes capable de tenir, vous êtes capable de parler. Là, ce qu'il faut que vous compreniez c'est que le temps qu'on attend, il y a des personnes qui ont vraiment besoin de nous." "Là, ça sert à rien ce que vous faites", lance-t-il encore.
Rassurés par les bonnes constantes de la jeune fille, les pompiers finissent par partir. Dans la nuit, vers 3 heures du matin, les parents d'Aïcha décident de la conduire aux urgences de l'hôpital Robert-Débré (AP-HP). Rapidement prise en charge, l'adolescente est installée en salle de déchocage et plongée dans le coma. Une hémorragie cérébrale et une malformation artérioveineuse sont retrouvées. Transférée à la Pitié-Salpêtrière, Aïcha y décède le 2 juillet.
Jugeant l'attitude des pompiers non "professionnelle" et empreinte de préjugés racistes, les parents de la jeune fille ont l'intention de porter plainte. "Et si nous n'étions pas noires?", s'interroge ainsi la mère d'Aïcha.
Contactée par Mediapart, la préfecture de police de Paris, chargée des sapeurs-pompiers de la capitale, a refusé de communiquer sur ce cas, au nom du secret médical et du secret professionnel entourant l'intervention.
[avec Mediapart]
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