
Agression aux urgences d'Annemasse : prison ferme sous bracelet électronique pour les deux frères
Les deux frères de 25 et 33 ans ont été condamnés à six et trois mois de prison ferme sous bracelet électronique pour l'agression de plusieurs soignants des urgences de l'hôpital privé Pays de Savoie, le 8 janvier dernier. A la veille de leur procès, Mediapart avait révélé des éléments de l'enquête de police remettant en cause la version des personnels hospitaliers.

Ils ont d'ores et déjà annoncé, par la voix de leur avocate, faire appel de cette décision, jugée éminemment "politique". Les deux frères impliqués dans les événements survenus le 8 janvier dernier aux urgences de l'hôpital privé Pays de Savoie ont été condamnés, ce lundi 10 mars, à des peines de prison ferme par le tribunal correctionnel de Thonon-les-Bains (Haute-Savoie).
Le plus jeune frère, âgé de 25 ans, et qui, selon le tribunal, a porté "les premiers gestes de violence", s'est vu infliger une peine d'un an de prison, dont six mois avec sursis, à effectuer sous bracelet électronique. L'aîné, âgé de 33 ans, a quant à lui écopé d'un an de prison, dont neuf mois avec sursis. Une peine qu'il devra également effectuer sous bracelet électronique.
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Francois Laissy
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Lors du procès du 17 février, le procureur de la République Xavier Goux-Thiercelin avait requis 18 mois de prison pour les deux frères, dont six avec sursis.
Une agression trouble
Le 8 janvier dernier, les deux frères s'étaient rendus aux urgences d'Annemasse aux alentours de 23h30. Le plus âgé d'entre eux, cheminot de profession, avait le visage en sang et le bras droit douloureux (il se révélera fracturé) à la suite d'un accident du travail. Il n'avait pas sa carte Vitale. Une aide-soignante lui avait alors expliqué que cela risquerait de compliquer sa prise en charge.
La situation avait rapidement dégénéré. D'après les soignants, les deux frères les auraient agressés, blessant huit d'entre eux. L'un d'eux avait même déclaré avoir été traîné "sur quatre à cinq mètres". Pour les deux frères mis en cause, ce seraient les soignants qui les auraient agressés. Le lendemain, ils s'étaient présentés au commissariat pour porter plainte, avant d'être eux-mêmes placés en garde à vue et mis en examen.
À l'audience, le cadet avait expliqué que la personne chargée de l'admission sentait l'alcool et que c'est lorsqu'il lui avait fait remarquer que le ton était monté. Un repas de Noël était organisé ce soir-là entre les membres du personnel des urgences. Plusieurs parties civiles ont toutefois assuré qu'il "n'y avait pas d'alcool" durant de ce dîner.
La version des deux frères avait été appuyée par Médiapart qui avait révélé, le 17 février, des éléments de l'enquête de police (images de vidéosurveillance, témoignages…), remettant en cause la version des soignants. Selon le site d'investigation, un témoin présent aux urgences ce jour-là avait, par exemple, tenu à se présenter à la police pour rapporter "la réalité des faits" à la suite de la médiatisation de l'affaire.
Il assurait n'avoir "jamais vu [le plus jeune frère] porter des coups de poing ou de pied" et rapportait même avoir dû intervenir auprès d'un médecin qui "tenait par le col le blessé", allongé "au sol", et "avait le poing armé au-dessus de sa tête".
Lors du délibéré, la défense a produit de nouvelles pièces, dont une nouvelle vidéo, mais qui n'ont apporté "aucun élément à charge ou à décharge", a déclaré le président du tribunal, Julien Lhuillier-Solenik. Face à la presse, les deux frères ont dénoncé "une terrible injustice". "On n'a rien fait", ont-ils répété, ajoutant qu'ils savaient qu'ils seraient condamnés, car "nous étions deux contre quatorze soignants".
[avec AFP, Médiapart et France Bleu]
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