
Amputée des quatre membres suite à un choc septique : prison requise pour deux médecins du CHU de Bordeaux
Priscilla Dray reproche aux médecins d'avoir tardé à prendre en charge l'infection qu'elle a développée au lendemain d'une IVG, en 2011.

"J'étais loin de m'imaginer qu'en rentrant dans cet hôpital, ma vie allait basculer dans l'horreur", a témoigné Priscilla Dray à la barre du tribunal correctionnel de Bordeaux. Le samedi 23 juillet 2011, cette mère de famille, qui a subi une IVG la veille, appelle les urgences : elle indique avoir plus de 39 de fièvre. Elle est prise en charge par un interne, qui envisage un syndrome infectieux. Mais le chef de clinique estime qu'il n'est pas nécessaire de lui administrer des antibiotiques ni de la garder en observation.
"Ce n'est pas les généralistes qui font la loi"
Redoutez-vous le rétablissement de l'obligation de participation à la permanence des soins ambulatoires?

Nathalie Hanseler Corréard
Oui
Retraitée depuis la Covid. Mon vécu : ayant fait des semaines de 70H (5,5 J/sem) près de BX avec 4 gardes par an, puis déménagé à ... Lire plus
Le dimanche, alors que son état se dégrade, Priscilla Dray, toujours fiévreuse, retourne aux urgences. "J’avais une lettre d’une médecin qui demandait que je sois hospitalisé. Je ne pouvais plus m’asseoir, j’étais mourante. On a estimé que je faisais du caprice et on m’a répondu : “Vous croyez qu’on hospitalise les gens comme ça ? Ce n’est pas les généralistes qui font la loi”", confie-t-elle au Figaro.
"Mon client a considéré que ce n’était pas une urgence majeure mais qu’il y avait tout de même une infection bactériologique pour laquelle l’anesthésiste était le mieux placé pour prendre les mesures adéquates", a défendu Maître Benaiem, avocat du médecin qui était chef des urgences de la maternité Pellegrin, ce jour-là.
Après avoir passé plusieurs heures sur un brancard, la mère de famille est finalement prise en charge par un anesthésiste en fin de journée, puis placée en coma artificiel. Elle ne survivra au choc septique qu'au prix d'une amputation de ses quatre membres.
Le procureur a requis un an de prison avec sursis à l'encontre du premier médecin et 16 mois de prison avec sursis à l'encontre du second, avec une interdiction temporaire d'exercer pour les deux praticiens. Une amende de 50 000 euros -dont 30 000 euros ferme- a été également requise contre le CHU de Bordeaux. Le jugement a été mis en délibéré au 14 avril.
[avec LeFigaro.fr]
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