"Défaut de diagnostic" : un médecin condamné pour la mort d'un détenu
9 février 2016. Adil Taychi, détenu depuis mai 2015 à la maison d'arrêt de Sequedin, dans la banlieue de Lille, vomit du sang et fait un malaise. Ecartant une hospitalisation, synonyme d'extraction, le médecin pénitentiaire demande une fibroscopie, sans urgence. Le 12 février, le médecin revoit le détenu ; il constate chez lui un rythme cardiaque et une tension élevés mais les met sur le compte d'une grève de la faim. Se plaignant de douleurs au ventre, Adil Taychi ne parvenait en effet plus à s'alimenter depuis mi-décembre. En deux mois, l'homme de 36 ans avait perdu 16 kilos.
Le soir-même, son codétenu le découvre mort dans sa cellule. Le trentenaire a fait une hémorragie digestive liée à un ulcère du foie perforé.
La compagne du détenu, qui s'était alarmée de son état les jours précédents sa mort, a porté plainte contre le médecin. En première instance, en février 2022, le praticien a été relaxé, les juges du tribunal correctionnel de Lille prenant en considération la "complexité" de la situation.
Parmi les experts interrogés en appel, deux ont évoqué un "défaut de diagnostic" et tous ont estimé qu'une hospitalisation aurait permis une prise en charge adaptée. Dans un arrêt rendu mardi, la cour d'appel de Douai a retenu une "faute caractérisée" du médecin, lui reprochant d'avoir décliné une hospitalisation en urgence, bien qu'il ait été informé par les surveillants que le détenu avait vomi du sang. Cette décision "a un lien de causalité certain avec le décès de ce dernier", a estimé la cour.
Le médecin a été condamné à 8 mois de prison avec sursis pour homicide involontaire.
[avec La Voix du Nord et AFP]
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