Glyphosate : Bayer condamné à verser 2 milliards d'euros à un couple d'Americains malades du cancer
Ce n'est pas la première fois que Bayer et Monsanto sont condamnés, et probablement pas la dernière. Mais cette fois-ci, la note est salée : lundi 13 mai, un jury d'Oakland, près de San Francisco, a condamné le groupe chimique et pharmaceutique allemand à verser 2 milliards d'euros au titre de dommages "punitifs" aux époux Pilliod. Alva Pilliod, 77 ans, et sa femme Alberta, 75 ans, sont tous les deux atteints d'un lymphome non hodgkinien, développé respectivement en 2011 et 2015. Le couple utilisait du Roundup depuis les années 1970 dans leurs différentes propriétés, sans jamais utiliser de protection, jusqu'à ce que l'OMS classe en 2015 le glyphosate, principe actif du Roundup, comme cancérigène probable (avant de le retirer de la liste en 2016). "Nous aurions aimé que Monsanto nous prévienne, qu'il y ait quelque chose sur l'étiquette (qui dise) que cela pouvait causer le cancer, nous ne l'aurions pas utilisé", a déclaré d'une voix faible Alberta Pilliod, lors d'une conférence de presse à San Francisco. "Le jury a estimé que l'exposition au Roundup a causé le (cancer) des Pilliod et que Monsanto avait failli (à l'obligation de) prévenir de ce grave danger pour la santé. Surtout, le jury a également reconnu que Monsanto avait agi avec malveillance, oppression ou fraude et devait être puni pour son comportement", a souligné dans un communiqué la firme Baum, Hedlund, Aristei & Goldman, un des cabinets qui défendaient le couple. Bayer devra également verser 55 millions de dollars aux Pilliod à titre compensatoire (pertes économiques, préjudice moral...).
Bayer, qui s'est dit dans un communiqué "déçu" et compte faire appel, affirme toujours que le Roundup et le glyphosate sont sans danger, comme l'a récemment réaffirmé l'Agence américaine de protection de l'environnement. En France, une étude "indépendante" qui aura pour but de "trancher" la controverse sur la dangerosité du glyphosate, et notamment son caractère cancérogène, va être lancée prochainement par l'Anses. La justice américaine, elle, semble avoir déjà tranché. En août et en mars derniers, Monsanto a déjà été condamné à verser 78 millions à un jardinier et 80 millions de dollars à un septuagénaire, pour les mêmes raisons. Le groupe Bayer, qui a perdu 45 % de sa capitalisation boursière depuis le rachat de Monsanto en juin 2018, risque bien plus gros : 13 400 procédures sont en cours, rien qu'aux Etats-Unis. En France, le géant allemand est aux prises avec une polémique autour d'un fichage, par une agence de communication employée par Monsanto, de centaines de personnalités concernant leur position sur les OGM ou le glyphosate. [avec AFP]
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