"Je n'ai pas menti, je me suis trompé" : le pneumologue de Total jugé en appel pour faux témoignage
Pneumologue, il avait menti devant les sénateurs sur ses liens avec le groupe Total. Michel Aubier a été jugé en appel ce vendredi. Une amende de 30 000 euros a été requise contre lui pour "faux témoignage".
Le 16 avril 2015, Michel Aubier, spécialiste de l'asthme et chef du service de pneumologie à l'hôpital Bichat, avait été entendu par une commission d'enquête sénatoriale sur le "coût économique et financier de la pollution de l'air", en tant que représentant de l'Assistance Publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP). A la question d'éventuels "liens d'intérêt avec des acteurs économiques" lors de sa prestation de serment, il avait assuré n'en avoir "aucun".
Mais la presse a révélé qu'il était salarié du groupe Total, qui l'employait depuis 1997 comme médecin-conseil. Une enquête avait révélé qu'il percevait en 2015 environ 6 000 euros par mois pour cette activité. Il détenait par ailleurs des actions et était membre du conseil d'administration de la Fondation Total.
Le médecin était jugé en appel vendredi dernier. L'avocate générale a sollicité la même peine que celle qui avait été requise en première instance, soit une amende de 30 000 euros. Elle a demandé à la cour d'appel de sanctionner une "infraction grave", un "mensonge sous serment (qui) est la porte ouverte à n'importe quelle rumeur, à n'importe quelle suspicion." "Je n'ai pas menti au Sénat. Je me suis trompé, je n'ai pas vraiment bien compris la question posée", a martelé à la barre le professeur Aubier, teint hâlé et costume sombre. "Il vaut mieux passer pour un imbécile que pour quelqu'un qui a délibérément menti", a relevé l'avocat du Sénat, Emmanuel Marsigny. "C'est du verbiage, de l'argutie de prétendre qu'on s'est trompé sur la question qui était posée, parfaitement claire", a-t-il insisté. En première instance, le tribunal correctionnel de Paris était allé au-delà des réquisitions et avait condamné le médecin à la retraite, le 5 juillet 2017, à six mois de prison avec sursis et 50 000 euros d'amende. Une première judiciaire pour le délit de "faux témoignage" devant des parlementaires. La cour d'appel doit rendre sa décision le 9 novembre prochain. [Avec AFP]
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