Au tribunal correctionnel de Castre, hier mardi, une plaignante accusait un rhumatologue-ostéopathe de l’avoir agressée sexuellement alors qu’elle consultait pour une tendinite au coude. Déjà suspecté de faits identiques, le médecin de 64 ans risque deux ans de prison avec sursis et autant d’interdiction d’exercer, plus une amende.
« Je ne doute pas une seconde de la crédibilité des propos de la victime», a lâché le procureur Céline Raignault hier lors de l'audience du tribunal correctionnel de Castres consacrée à un médecin de Lavaur accusé d'agressions sexuelles sur une de ses patientes. L'accusation bénéficiait d'un « faisceau d'indices concordants qui corrobore les déclarations» de cette femme de 48 ans qui affirme avoir fait l'objet de gestes plus que déplacés de la part de ce rhumatologue et ostéopathe de 64 ans. Main dans le soutien-gorge Cette mère de famille sud-tarnaise, assistante maternelle à Toulouse, a décrit à la barre les attouchements dont elle aurait été victime au fil des séances chez le praticien entre le 10 mars et le 7 juin 2016. «À chaque séance, il passait sa main sous mon tee-shirt pour la glisser dans mon soutien-gorge et il me touchait les seins alors qu'il m'avait allongé sur le côté très près de lui et de son sexe, décrit la victime qui venait consulter pour une tendinite au coude. Je ne connaissais pas l'ostéopathie alors je n'osais pas demander si c'était normal». Mais lors de la 9e séance, le médecin va encore plus loin selon elle. «Il m'a demandé pour la première fois d'enlever mon haut et il a glissé une main sous mon soutien-gorge et l'autre dans mon pantalon et a massé mon sexe à travers ma culotte. J'étais tétanisée. Il gémissait, j'entendais sa respiration rapide et son sexe en érection collé contre moi. Je ne pouvais pas bouger», raconte encore sous le choc la mère de famille qui est rentrée chez elle ce jour-là en pleurs et honteuse au point de ne pas en parler à son mari tout de suite. Elle se confiera à deux amies qui vont l'accompagner dans ses démarches pour déposer plainte à la gendarmerie et au conseil de l'ordre des médecins. Théorie du complot Mais le docteur va nier les faits en bloc à la barre hier. «Non je ne lui ai jamais touché les seins, ni le sexe», a-t-il affirmé. Pour lui, les accusations de sa patiente ne sont qu'une vengeance parce qu'il a refusé de lui prolonger son arrêt maladie. Et même quand la présidente Séverine Romi évoquera deux autres témoignages de femmes, du même âge, qui ont rapporté des faits identiques subis dans son cabinet en novembre 2012 et janvier 2013 (pour la première les faits étaient prescrits et la seconde n'a pas souhaité déposer plainte), le médecin a évoqué une théorie du complot contre lui. «En 2008, j'avais été relaxé après une plainte d'une patiente qui affirmait que je l'avais caressé et embrassé. Depuis cela me dessert», explique-t-il. Pourtant ces trois femmes ne se connaissaient pas et n'avaient pas de raisons «rationnelles» d'en vouloir au praticien souligne la présidente. «Cet acharnement me dépasse, répond le médecin qui se dit victime. C'est très difficile à vivre. Heureusement ma femme et mes enfants me soutiennent». Manque de chance Le conseil départemental de l'ordre des médecins s'est constitué partie civile dans ce dossier estimant que le prévenu avait «altéré la confiance envers les médecins sans laquelle ils ne peuvent pas soigner». «Ma cliente a eu le courage d'aller jusqu'au bout de cette démarche pénible où elle a dû répéter six fois ce qu'elle a vécu devant les gendarmes, le conseil de l'ordre et le psychiatre», a indiqué Maître Michel Albarède qui a réclamé 10 000€ de dommages et intérêts. Une «cohérence» dans les déclarations, dans les témoignages des amies et des deux autres «victimes» qu'a souligné le procureur pour requérir deux ans de prison assortis d'un sursis et une interdiction d'exercer pendant deux ans. L'avocate du prévenu a plaidé «l'acharnement» dont serait victime son client, évoquant son «manque de chance» d'être jugé dans le contexte actuel où les agressions sexuelles faites aux femmes sont à la Une des médias. Le tribunal a mis son jugement en délibéré au 6mars prochain. Avec ladepeche.fr
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