
Médecin étrangère suspendue pour des "erreurs de diagnostic" : son avocat dénonce le manque d'encadrement des Padhue
Une médecin d'origine algérienne a été suspendue en décembre dernier par l'hôpital de Novo, à Pontoise, après des "erreurs de diagnostic". La praticienne a contesté sa sanction devant la justice. Lors de l’audience en référé, son avocat a pointé le manque d’encadrement des Padhue.

C'est le passage aux urgences d'un patient en septembre 2023 qui est à l'origine de la sanction. Pris en charge à l'hôpital de Novo, à Pontoise, par cette médecin d'origine algérienne, l'homme est renvoyé chez lui avec une prescription de paracétamol. Le lendemain, au centre hospitalier d'Argenteuil, on lui diagnostique une embolie pulmonaire, relate Le Parisien. Quelques mois plus tard, le patient dépose plainte contre l'hôpital de Novo. L'hôpital reconnaît une "erreur de diagnostic manifeste" de la part de la médecin. Cette dernière sera suspendue en décembre 2024.
La médecin étrangère a souhaité contester sa sanction devant le tribunal administratif de Cergy-Pontoise (Val-d’Oise). Lors de l'audience en référé, qui a eu lieu ce mardi 25 février, son avocat a pointé le manque d'encadrement des praticiens diplômés hors de l'Union européenne (Padhue). "Ce jour-là dans le service, l’autre médecin est junior, il n’a pas le droit d'être seul. Il avait aussi un urgentiste du Samu, qui est par ailleurs appelé à se déplacer sans arrêt. C’est cela un encadrement suffisant ?", a-t-il questionné. Rejetant par ailleurs toute faute médicale de sa cliente : "L'embolie était indécelable à ce moment-là."
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L'hôpital de Novo invoque de son côté deux autres cas médicaux dont était chargée la praticienne "et qui se sont révélés problématiques", rapporte Le Parisien, notamment celui d’une patiente âgée décédée d’une péritonite. "Ce jour-là, dans le service, il y avait un praticien hospitalier et quatre Padhue", a commenté l'avocat de la médecin. Et de plaider : "Ce sont des bouche-trous, on ne leur laisse pas le temps d’effectuer leurs stages dans des conditions sereines, avec la possibilité d’être bien encadrés."
Pour l'hôpital, les erreurs de diagnostic de la praticienne sont dues à son comportement. L'avocat de l'établissement la décrit comme quelqu'un qui "refuse de revoir ses dossiers avec un praticien et de prendre en compte les remarques qu’on lui fait. Elle refuse toutes les remises en cause de sa prise en charge. Et persiste à s’affranchir du cadre collégial."
L'UFMICT-CGT (Union fédérale médecins, ingénieurs, cadres, techniciens), qui soutient la praticienne mise en cause, dénonce, par la voix du Dr Tron de Bouchony, "une situation disproportionnée et injuste". "Un médecin que l’hôpital a la charge d’encadrer peut-il être tenu, sans enquête contradictoire, seul responsable de la réalisation d’un acte qui ne peut manifestement pas être considéré comme une faute détachable du service hospitalier ?", s'interroge la CGT dans un communiqué.
Pour la praticienne, arrivée à la 7ème place sur 575 aux épreuves de validation des connaissances (EVC) en 2021, l’hôpital Novo ne lui aurait pas permis de consolider sa formation comme il aurait dû le faire. "J'ai choisi l’hôpital Novo en croyant que c’était un établissement formateur. Mais on m’a laissée 16 mois aux urgences au lieu de me faire passer par les différents stages prévus dans mon parcours de consolidation", a-t-elle indiqué, précisant être "passée par les urgences de Creil, d’Argenteuil, de Reims (Marne)" et avoir eu "des lettres de recommandation de partout".
Selon Le Parisien, la médecin mise en cause a "effectivement passé plus de 16 mois dans le service, sans compter ses heures", rapportant "75 gardes, 45 demi-gardes et 500 heures de temps additionnel". "Ce sont les Padhue qui font tourner les hôpitaux […] Avec eux, les établissements ont une ressource formée et pas chère", a indiqué Me Léonard Balme Leygues.
La décision du tribunal administratif de Cergy-Pontoise est attendue pour le début de la semaine prochaine.
[avec Le Parisien]
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