Prégabaline : un médecin accusé d'avoir délivré plus de 500 ordonnances de complaisance
Un médecin nantais est poursuivi pour avoir prescrit des centaines de fois de la prégabaline sans raison médicale. Il sera jugé en mai prochain.
L'alerte a été donnée, fin 2023, par plusieurs pharmaciens nantais qui s'interrogeaient sur "la régularité d'ordonnances prescrivant de la prégabaline, émanant d'un même médecin installé à Nantes". A la suite de ces signalements, le parquet de la ville a ouvert une enquête, confiée à l'Office central de lutte contre les atteintes à l'environnement et à la santé publique (OCLAESP).
Selon les enquêteurs, le médecin suspecté aurait délivré, entre juillet 2020 et janvier 2024, 541 prescriptions de prégabaline à 106 patients n'ayant, pour la plupart, "aucune raison médicale de se voir délivrer cette substance". La perquisition de son cabinet, le 16 juillet dernier, a en effet révélé que seuls 8 de ces 106 patients avaient un dossier médical.
Un jugement prévu le 6 avril
Placé en garde à vue à deux reprises, en juillet puis en novembre derniers, le médecin a reconnu avoir prescrit le médicament – surnommé "drogue du pauvre" – sans raison médicale. "Plusieurs patients ont confirmé que ce médecin prescrivait à la demande et sans réelle consultation médicale", a ajouté le procureur de la République, dans un communiqué.
Agé de 61 ans, le praticien a été déféré au parquet de Nantes le 14 novembre. Il sera jugé le 6 avril prochain pour "complicité d'escroquerie", "complicité d'obtention au moyen d'ordonnances de substances classées comme psychotropes", "aide au mésusage ou à l'abus de médicaments" ou encore "mise en danger par la violation manifestement délibérée d'une obligation de prudence".
Dans l'attente de son procès, le médecin a été placé sous contrôle judiciaire, et s'est vu interdire d'exercer. Il a également dû verser une caution de 50 000 euros.
Entre janvier 2020 et août 2023, "pas moins de 94 procédures pénales contenant des auditions portant sur du trafic de prégabaline ou des agressions commises sous l’effet de cette substance" ont été recensées à Nantes, a indiqué le procureur. Et d'ajouter que l'usage détourné de ce médicament constitue "un enjeu majeur non seulement de santé publique mais également d'ordre public".
[avec France bleu, France 3 et Le Figaro]
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