Critiqué ou adoré, considéré comme un génie ou un charlatan. Depuis plusieurs semaines maintenant, le Pr Didier Raoult, directeur de l’IHU Méditerranée Infection, provoque, malgré lui, le débat en France au sein de la communauté scientifique. Dans une vidéo publiée sur Youtube, mercredi 8 avril, l’infectiologue, défenseur de l’utilisation de l’hydroxychloroquine dans la lutte contre le Covid-19, confie avoir “mis longtemps à comprendre” cette polémique. “Je ne pouvais pas imaginer que ça déclenche des passions de cette nature”, assure Didier Raoult. En effet, depuis la pré-publication de son étude, le 17 mars dernier, la communauté scientifique se déchire. Si une pétition, lancée par l'ancien ministre de la Santé Philippe Douste-Blazy, a demandé à assouplir les possibilités de prescription de l'hydroxychloroquine a d’ores et déjà recueilli près d’un demi-million de signataires, plusieurs médecins ont exprimé certaines réticences concernant ce traitement.
Dans un entretien à Egora, le Dr Bouet, président de l’Ordre des médecins, confiait par exemple : “Il faut attendre que l’étude Discovery soit conclue et que des mesures en matière d’utilisation soient prises. Le sujet est bien trop lourd pour que le simple débat médiatique ne soit le moteur de la prescription. ” Par ailleurs, dans un communiqué du 27 mars, l’Académie nationale de Médecine s’est positionnée contre la décision de l’Etat d’autoriser ce traitement pour les malades atteints de forme sévère. Selon l’infectiologue, “les gens sont devenus fous avec la méthode, avec le fait que tout est de la recherche”, créant ainsi un fossé entre la pratique médicale et la recherche. “Les gens sont devenus fous, en disant qu’on était en face du médicament le plus dangereux du monde. [...] L'hydroxychloroquine, c’est un truc qu’on distribuait sans même une ordonnance il y a deux mois.”
“C’est une atteinte à la base de notre métier” Par ailleurs, Didier Raoult assure que de nombreux médecins utilisent aujourd’hui ce traitement. “Je suis frappé quand on fait un sondage aux médecins du monde entier, il y a 37% de médecins qui donnent de l'hydroxychloroquine, assure-t-il. En France le nombre de personne qui donne de l’hydroxychloroquine sans le dire est considérable. J’ai été frappé de voir que dans mon propre CHU, les gens à côté de nous qui reçoivent des patients qui ont le coronavirus, ils les traitent aussi avec de l’hydroxychloroquine et de l’azithromycine.” Cette défiance n’a donc pas lieu d’exister pour l’infectiologue. “C’est une atteinte très profonde à la base de notre métier qui est de prescrire en fonction de notre niveau de connaissance le meilleur traitement possible aux malades que nous avons en face de nous”, déplore-t-il, demandant au conseil de l’Ordre de se prononcer sur cette question. Concernant l’évolution du Covid-19, le Pr Didier Raoult indique que les choses s’améliorent. “On détectait en moyenne 350 personnes par jour il y a encore dix jours. Aujourd’hui on est aux alentours d’une centaine”, précise-t-il, assurant qu'il n'y avait pas eu “d’ennuis cardiologiques avec aucun des patients qu’on a traité”. Des résultats devraient, par ailleurs, bientôt être publiés. “On est en train de finir l’analyse de 1 .000 cas qu’on a traités et les choses sont très rassurantes sur le traitement”, a annoncé l’infectiologue.
La sélection de la rédaction
Les complémentaires santé doivent-elles arrêter de rembourser l'ostéopathie ?
Stéphanie Beaujouan
Non
Je vois beaucoup d'agressivité et de contre vérités dans les réponses pour une pratique qui existe depuis 1,5 siècle . La formatio... Lire plus