Contre Bachelot, Bertrand prend la défense des médecins libéraux : "L'Etat se doit d'assurer leur protection"
Auditionné jeudi matin par la commission d'enquête de l'Assemblée nationale sur la gestion de la crise du Covid, l'ancien ministre de la Santé a pris le contre-pied de Roselyne Bachelot. Il estime que les masques et autres matériels de protection auraient dû leur être fournis par l'Etat. Sur la gestion des stocks, il rejette la responsabilité d'un changement de doctrine. "Les professionnels de santé libéraux sont les bras armés de l'Etat, ils doivent être protégés par l'Etat", a insisté Xavier Bertrand, président (LR) des Hauts-de-France devant les députés. "Notre système de santé marche sur deux jambes : il y a la partie publique et la partie libérale. L'Etat se doit d'assurer la protection des uns et des autres", a-t-il martelé. Ministre de la Santé de 2005 à 2007 puis de 2010 à 2012, Xavier Bertrand réagissait aux propos de celle qui l'a précédé et lui a succédé avenue de Ségur. Auditionnée la veille, Roselyne Bachelot avait en effet jugé que les médecins libéraux auraient dû se constituer leur propre stock de masques et de blouses, bien avant la pandémie, plutôt que d'attendre la "petite charrette" du directeur de l'ARS. "Quand je vois aussi le tribut qu'ont payé les libéraux, le nombre de malades, ceux qui sont morts, je pense que c'est aussi dans les fonctions régaliennes que d'assurer la protection de ceux qui nous protègent", a jugé Xavier Bertrand.
Sur l'équipement des professionnels de #santé libéraux, @xavierbertrand prend le contre-pied de @R_Bachelot : "Ils doivent être protégés par l'Etat (...) C'est dans les fonctions régaliennes de protéger ceux qui nous soignent". #Masques #Covid19 #DirectAN pic.twitter.com/aRTRlouMXP
— LCP (@LCP) July 2, 2020
Pour ce dernier, c'est la pénurie de tests et de masques qui a fixé la "doctrine publique" de la gestion de la crise. "On a entendu que les masques n'étaient pas utiles ou que l'on ne saurait pas les mettre", alors qu'il aurait fallu...
"dire la vérité" et reconnaître que les masques manquaient, a jugé Xavier Bertrand. "Disons les choses clairement, c'est un problème d'argent du début jusqu'à la fin", a-t-il lancé, fustigeant un "système qui s'est fait bouffer la tête par des logiques court-termistes, budgétaires et comptables". "Quand je quitte mes fonctions [en 2012], il y a 1,4 milliard de masques en France", a-t-il rappelé, rejetant la responsabilité d'un changement de doctrine. L'avis du HCSP daté du 1er juillet 2011, qui recommande la constitution d'un stock tournant, "ne nous amène pas en quoi que ce soit à revoir notre doctrine par rapport au nombre de masques à commander", a-t-il assuré aux députés. Il s'agissait surtout d'après lui, de réserver les masques FFP2 aux professionnels les plus exposés.
Le changement de stratégie date en fait de mai 2013 selon lui : la "nouvelle doctrine" elaborée par le secrétariat général de la Défense nationale (SGDSN), rattaché à Matignon, prévoit qu'"il revient à chaque employeur de déterminer l'opportunité de constituer des stocks de masques pour protéger son personnel". "A partir de cette date, vous avez un délitement des responsabilités." Et les libéraux tombent dans un "trou noir". Quant à Agnès Buzyn, elle n'aurait pas dû selon Xavier Bertrand déléguer à Santé publique France la responsabilité de reconstituer les stocks. "La responsabilité politique ne se partage pas et ne se délègue pas." [avec Lcp.fr]
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