L'académie de médecine belge proscrit le régime vegan pour les enfants
On estime que 6 % des enfants en âge scolaire et 8 % des adolescents sont végétariens. Un régime qui peut satisfaire à leurs besoins, à condition d'apporter certaines supplémentations, estime l'Académie royale de médecine de Belgique (ARMB). Ce n'est pas le cas du régime végétalien, qui exclut tous les aliments issus du règne animal (viande, volaille, poisson, crustacés, mollusque, œufs, lait et produits dérivés, parfois miel), vient récemment de statuer l'Académie, saisie par le Délégué général aux droits de l'enfant, Bernard de Vos. Quelque 3 % des enfants belges seraient concernés et plusieurs cas d'enfants gravement malades ont été rapportés. En 2014, un bébé de 7 mois est mort après avoir été nourri exclusivement de lait végétal durant quatre mois : ses parents ont été condamnés en 2017 à 6 mois de prison avec sursis. En France, une fillette de 16 mois est décédée en décembre 2017. Ses parents, qui la nourrissaient au jus de châtaigne et au lait de riz, ont été mis en examen en juin 2018 et leurs ainés ont été placés.
"Le régime végétalien est inadapté et donc non recommandé pour les enfants à naître, les enfants et les adolescents, de même que les femmes enceintes et allaitantes", concluent les médecins belges dans leur avis. "Ce régime induit de graves carences : les quantités de protéines de haute valeur biologique, de vitamine B12, de vitamine D, de calcium, de fer, de zinc, d’iode et de DHA sont particulièrement visées dans les carences observées lors de régimes végétaliens purs non substitués réalisés sans un suivi rigoureux", développent les experts. "On parle de retards de croissance staturo-pondéraux et de retards psychomoteurs, de dénutrition, d’anémies importantes, explique Isabelle Thiébaut, diététicienne pédiatrique ayant collaboré à la rédaction de l’avis, dans le communiqué de presse de l'ARMB. Certains développements doivent se faire à un moment précis de la vie et s’ils ne se font pas, c’est irréversible."
"Si cette situation peut être contrôlée chez l’adulte par une diversification des sources, elle devient plus problématique chez le nourrisson dont l’alimentation est exclusivement lactée jusqu’à 4 à 6 mois", relève l'Académie. Il est donc "tout à fait non recommandé médicalement, et même proscrit, de soumettre un enfant en particulier lors des périodes de croissance rapide, à un régime potentiellement déstabilisant, justifiant des supplémentations et nécessitant des contrôles cliniques et biologiques fréquents". "Il est anormal de devoir médicaliser un enfant né en bonne santé", conclut le Pr Georges Casimir, pédiatre et rapporteur de la commission en charge de l'avis. S'appuyant sur cet avis, le Délégué général aux droits de l'enfant serait en faveur d'un retrait de tutelle des parents qui imposent ce régime à leurs enfants.
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