"Le SML est hostile à une CPTS qui contraint les médecins"

12/10/2018 Par Catherine le Borgne
Système de santé

Les troupes du SML se réunissent ce samedi à Opio (Alpes-Maritimes) à l'occasion de leur 9ème congrès sous le thème du "Médecin, manager de la santé". Président du syndicat, le Dr Philippe Vermersch analyse la refondation du système de santé annoncée.

  Egora.fr : Le thème de la séance plénière de votre congrès est : "Comment intégrer les nouvelles organisations au SML" ? On a envie de vous demander pourquoi ? Vous avez peur qu'elles vous désintègrent ? Dr Philippe Vermesch. Oh non.  Il faut bien réaliser toutes les évolutions qui ont eu lieu ces dernières années, en fait depuis 3 ou 4 ans. Avec la loi HPST (Hôpital, patients, santé et territoires) d'abord, et maintenant avec les CPTS (Communauté professionnelles territoriales de santé, issus de la loi de Santé. Ndlr) tout le monde parle de coordination dans l'optique d'augmenter l'accès aux médecins pour les patients. Or aujourd'hui, il faut bien savoir que 90 % des médecins ne travaillent pas en maisons de santé. Ils sont soit "isolés", soit en groupes de deux ou trois médecins, ils font de la coordination pour leurs patients en appelant l'infirmier, le cardiologue, le rhumatologue, etc, mais rien n'est fait dans le cadre d'une structure. Or aujourd'hui, les structures qu'on nous propose et notamment la CPTS, est une association, qui va être gérée avec une gouvernance dont on ne sait rien. Or, dans cette CPTS, vont rentrer les médecins libéraux, les infirmières, les pharmaciens, mais aussi le médico-social et le social. Alors nous nous posons la question de savoir comment tout cela va tourner car on sait bien que si on rajoute des contraintes aux médecins, ils ne vont pas y aller, cela ne marchera pas. Ensuite, va se poser le problème de la rémunération. Or, aujourd'hui, nous n'avons qu'une seule possibilité : les SISA (société interprofessionnelle de soins ambulatoires). Donc, pour résumer, nous nous trouvons face à une gouvernance dont on ne sait rien et des interrogations sur les modalités de répartition des fonds. Nous avons donc beaucoup d'interrogations à ce niveau-là, sachant qu'il n'y a pas tant que cela de CPTS en fonctionnement : 13 en tout dont une seule vraiment efficace.   Néanmoins, vous posez plein de questions, sans être pour autant a priori hostiles à ce type d'organisations… Le SML est hostile à une CPTS qui contraint les médecins. Or, ce que l'on entend aujourd'hui, c'est que les médecins qui n'en font pas partie, ne pourront pas bénéficier de tel ou tel avantage, notamment certaines augmentations. Tout l'argent qui sera déversé sur la médecine ambulatoire le sera nécessairement au travers des CPTS, ce qui va poser un problème car bon nombre de médecins ne sont pas enclins à y aller. Il va falloir faire beaucoup de pédagogie, regarder au plus près comment les choses se passent car il n'est pas du tout évident que les médecins s'engagent là-dedans.   Le SML fait le constat que le leadership des médecins est contesté partout. Comment cela ? C'est un problème global. Aujourd'hui, on manque de médecins alors on recours à des mécanismes fonctionnant autour de la coopération, au transfert ou à la délégation de taches car les médecins n'ont pas assez de temps médical. Alors la tentation a été de dire que si les médecins n'avaient pas suffisamment de temps, on allait confier certaines de leurs taches à d'autres. Cela a commencé avec la vaccination pour la grippe, confié aux pharmaciens, on parle maintenant de la vaccination au-dessus de 18 ans, même en primo vaccination et pour tous les vaccins, confiée aux infirmiers. Les infirmiers en pratique avancée (IPA) ont un rôle relativement encadré mais qui pourrait s'étendre plus tard. Or, il ne faut pas perdre de vue que d'ici 6 à 7 ans, la courbe démographique des médecins va remonter. Or, on vient d'ouvrir le numerus clausus sans visibilité.  Il y a fort à parier que d'ici quelques années, on aura une pléthore de médecins et une "guerre commerciale" pour avoir de la patientèle, entre praticiens dont le champ d'activité aura été réduit. D'un autre côté, lorsqu'on observe le changement de paradigme des jeunes et ce que proposent certains départements – je pense notamment à la Saône et Loire, on a un peu le sentiment qu'on s'achemine vers une médecine salariée.

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