La pollution de l’air ambiant peut affecter presque tous les organes du corps par des mécanismes directs ou indirects. Les enfants sont particulièrement concernés en raison de la croissance de leur système respiratoire qui n’est pas terminée. Ils sont par conséquent sujets à une inhalation plus importante de toxiques que les adultes. La pollution impacte leur santé respiratoire à court et à long terme. Ainsi, le nombre d’exacerbations d’asthme augmente durant les pics de pollution atmosphérique, entraînant logiquement une hausse des hospitalisations, des visites aux urgences mais aussi des traitements prescrits. Ces effets sont observés dès que la concentration particulaire (PM 2,5 ), de NO 2 ou d’O 3 s’accroît. Autre observation, l’exposition chronique aux polluants s’accompagne d’une élévation de l’incidence de l’asthme chez les enfants préalablement sains. "La pollution atmosphérique est responsable de plusieurs centaines de milliers de cas d’asthme infantile en Europe chaque année" alerte Barbara Hoffmann, Professeur d’épidémiologie environnementale à l’Université de Düsseldorf en Allemagne. De nouvelles directives européennes et mondiales Par ailleurs, les résultats d’un projet de recherche européen, ELAPSE (Effects of Low-Level Air Pollution : A study in Europe) réalisé entre 2016 et 2019 et portant sur les effets de la pollution astmosphérique de faible intensité sur la santé, ont montré que le risque d’asthme chez l’adulte débute à des niveaux très bas de concentration de polluants, et même à des niveaux bien inférieurs aux limites fixées jusqu’à présent par les directives européennes et celles de l’organisation mondiale de la santé (OMS) concernant la qualité de l’air ambiant. Ce risque augmente même de manière linéaire avec la hausse des polluants. En 2021, de nouveaux éléments de preuve sont venus confirmer que les effets délétères de la pollution atmosphérique débutent dès les concentrations les plus basses, ces effets ne se limitant pas à la sphère respiratoire. Dans ce contexte, de nouvelles directives sur la qualité de l’air de l’OMS viennent de paraitre. Presque tous les seuils...
de référence- portant sur les particules en suspension, l'ozone, le dioxyde d'azote, le dioxyde de soufre et le monoxyde de carbone- ont été abaissés. Dans le cadre du Pacte vert européen, la Comission européenne prévoit de son côté de présenter en 2022, des révisions législatives nécessaires pour aligner plus étroitement les normes européennes en matière de qualité de l’air sur les conseils des scientifiques, y compris les recommandations de l’OMS. Quel impact des espaces verts ? A ce jour, peu de travaux ont permis de mettre en évidence l’effet des espaces verts sur la santé respiratoire. Pour le Dr Elaine Fuertes (Chercheuse à l’Imperial College de Londres), "la végétalisation des espaces verts peut être quantifiée sur une carte ("greenness") ou évaluée par rapport à la distance aux espaces verts structurés ou non tels que des forêts, des parcs ou encore des cimetières". Dans cette dernière forme de mesure, la quantité de végétation n’est pas prise en compte. Quoiqu’il en soit, les études portant sur l’impact éventuel d’un environnement végétalisé sur l’asthme et la rhinite allergique ont démontré des résultats trop discordants pour que des conclusions puissent en être tirées (1 ; 2). Cependant, l’interaction entre espaces verts et fonction respiratoire semble se confirmer peu à peu. En effet, le suivi de la fonction respiratoire d’enfants britanniques jusqu’à leurs 24 ans a mis en évidence que les sujets vivant dans des zones végétalisées avaient une meilleure fonction respiratoire, et en particulier dans des zones plus polluées (3). Par ailleurs, le suivi d’enfants chinois trouvait des résultats similaires, mais uniquement dans les zones peu à moyennement polluées (4). Le Dr Fuertes a expliqué que les études peuvent sembler avoir des résultats contradictoires, mais qu’elles sont parfois difficilement comparables entre les pays. En effet, l’évaluation de l’interaction entre les espaces verts et la fonction respiratoire peut s’avérer complexe en raison notamment des multiples outils de mesure utilisés ; et la pollution intervient comme un facteur confondant. Il est vrai que les zones végétalisées sont souvent moins polluées et que la pollution a un effet délétère connu sur la santé respiratoire. De plus, des travaux ont montré que les plantes présentes dans les zones à forte pollution atmosphérique ont tendance à libérer un plus grand nombre de grains de pollen, ce qui entraine des niveaux d'allergènes plus élevés. Et la pollution atmosphérique agit comme un facteur aggravant. Elle entraîne une hausse de la durée et de la sévéritéde la saison pollinique. Elle modifie, par ailleurs, la répartition géographique des végétaux, ce qui peut avoir pour conséquence d’entraîner une nouvelle sensibilisation chez des individus qui ne sont pas exposés habituellement. Même si certaines études expérimentales ou de faible effectif confortent l’hypothèse de cet effet synergique entre pollution et allergènes, les résultats des études épidémiologiques sont quant à eux moins concluants (5). Pour le Dr Fuertes, "les raisons plausibles peuvent être les outils de mesure, la méconnaissance de certaines co-expositions et l’absence d’analyse de sous-groupes à risque notamment".
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