La "régression inquiétante" du budget lié à l’inclusion numérique risque d'aggraver les inégalités d'accès aux soins, alertent les patients
Dans le projet de loi de finances pour 2025, en cours d'examen à l'Assemblée nationale, le Gouvernement prévoit de réduire de plus de la moitié le budget alloué à l’inclusion numérique, qui permet d’aider les patients les plus éloignés de la technologie. Alors que le parcours de soin repose de plus en plus sur le numérique, France assos santé dénonce des "économies à contre-sens pour l’accès aux droits et à la santé".
Dévoilé le mois dernier, le projet de loi de finances 2025 prévoit un effort budgétaire de 60 milliards d’euros afin de redresser les finances publiques. Pour ce faire, le Gouvernement a dû réduire certains budgets, notamment celui alloué à l’inclusion numérique, qui passerait de 62 à 27 millions d'euros. Dans un communiqué, publié le 30 octobre dernier, la fédération France assos santé, qui "défend depuis longtemps l’accompagnement au numérique des usagers", dénonce une "régression inquiétante".
Les années précédentes, le Gouvernement avait pourtant misé sur la formation de 4 000 conseillers numériques, chargés d’informer et d’accompagner les usagers dans leurs démarches administratives numériques. Cette année, il semble faire machine arrière. "Nous nous inquiétons de ce soudain désengagement", indique France assos santé. Pour la fédération, ces professionnels ont "un rôle crucial pour les personnes éloignées du numérique, un phénomène qui touche près de 16 millions de Français", et permettent de "garantir un accès égal aux soins et aux droits".
"Aggraver les inégalités"
Avec cette réduction budgétaire, France assos santé appréhende une "disparition de la majorité des 4 000 postes de conseillers numériques et des autres dispositifs d’accompagnement et de soutien", qui risque "d’aggraver les inégalités d’accès aux services de santé" et rendre certains patients "encore plus isolés".
La fédération rappelle que l’éloignement numérique "a des conséquences directes sur l’accès aux soins". Elle prend l’exemple de la vaccination contre le Covid-19 où le "recours à la prise de rendez-vous en ligne" était obligatoire, notamment en Seine-Saint-Denis, et "a eu pour conséquence de favoriser les populations plus jeunes et urbaines des départements limitrophes à réserver avant les populations de ces bassins de vie".
France assos santé appelle donc à investir davantage dans l’inclusion numérique sinon, cela reviendra, selon elle, à "hypothéquer les plus de 300 millions d’euros déjà investis ces dernières années dans ce domaine".
Si pour la fédération la stratégie gouvernementale a autrefois "consisté en la dématérialisation et la désertification des territoires par les services publics de proximité et de santé", France assos santé demande maintenant à réinvestir "pour assurer l’accompagnement et donc l’égalité de traitement de tous les usagers". C’est une "question de justice sociale, de santé publique et de solidarité, pas d’économies de bouts de chandelle".
Ce projet de loi de finances n’a pas encore été voté, il faudra attendre le 19 novembre prochain pour que les députés se penchent sur cette question, lors du vote solennel.
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