C'est un vote historique. Lundi 4 mars, la France est devenue le premier pays au monde à inscrire explicitement l'IVG dans sa Constitution, après une approbation très large du Parlement réuni en Congrès au Château de Versailles. Le consensus a été massif, avec un vote favorable de 780 parlementaires, contre seulement 72 voix opposées, issues essentiellement de la droite et de l'extrême-droite. Ce score, de près de 92% des suffrages exprimés, a largement dépassé la majorité des trois cinquièmes requise pour modifier le texte suprême.
"La loi détermine les conditions dans lesquelles s'exerce la liberté garantie à la femme d'avoir recours à une interruption volontaire de grossesse". Introduite à l'article 34 de la Constitution, cette phrase fait de la France une pionnière dans le monde, avec une référence aussi claire à l'IVG dans son texte fondamental. Et ce, à rebours de plusieurs pays où le droit à l'avortement recule, comme aux Etats-Unis ou en Europe de l'Est.
Sur le réseau social X, Emmanuel Macron a tenu à souligner la "fierté française" et "le message universel" de cette inscription. Le Président de la République a également invité les Français à une cérémonie symbolique de scellement de la Constitution "ouverte au public" le 8 mars, journée internationale des droits des femmes.
Fierté française, message universel.
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) March 4, 2024
Célébrons ensemble l’entrée d’une nouvelle liberté garantie dans la Constitution par la première cérémonie de scellement de notre histoire ouverte au public.
Rendez-vous ce 8 mars, journée internationale des droits des femmes. pic.twitter.com/dcwniEPei4
Le Premier ministre, Gabriel Attal, a lui salué "une étape qui restera dans l'Histoire" et "une deuxième victoire pour Simone Veil". "La France est fidèle à son héritage [...] patrie des droits de l'homme et aussi et surtout les droits de la femme."
L'annonce du résultat du vote par la présidente de l'Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, première femme à présider le Congrès, a causé une explosion de joie sur les fauteuils de l'hémicycle et sur la place du Trocadéro à Paris, où plusieurs centaines de personnes s'étaient rassemblées pour visionner les débats sur écran géant. La Tour Eiffel s'est également mise à scintiller, affichant des messages féministes en plusieurs langues.
Signe de la dimension planétaire de ce vote, le Vatican a vivement critiqué l'inscription de l'IVG dans la loi fondamentale française, arguant qu'il "ne peut y avoir de 'droit' à supprimer une vie humaine".
Une réforme promise par le Gouvernement
Une réaction qui n'a pas gâché l'émotion au sein du Château de Versailles. Plusieurs parlementaires ont notamment confié leur exaltation devant ce moment rare dans une vie d'élu, près de cinquante ans après le vote de la loi Veil. Si la gauche a réservé ses prises de parole uniquement à des oratrices au Congrès, les groupes Renaissance et Les Républicains ont, eux, choisi quatre hommes pour résumer les positions de leurs groupes. "Ce combat-là rentre dans la grande histoire, c'est très rare", a ainsi salué la cheffe de file des députés insoumis, Mathilde Panot, à l'initiative de cette révision à l'Assemblée. "Plus jamais les faiseuses d'anges, les cintres, les aiguilles, les mortes", a renchéri la sénatrice écologiste, Mélanie Vogel. "Nous continuerons pour celles qui résistent à Trump, Bolsonaro, Orbán, Milei, Poutine, Giorgia Meloni", avait également lancé à la tribune la sénatrice socialiste, Laurence Rossignol.
Pour rappel, Emmanuel Macron avait fait de cette réforme l'une des promesses phares du volet sociétal de sa politique ces derniers mois, embrassant les différentes initiatives parlementaires de la gauche, soutenue par la majorité. La formulation de "liberté garantie" à l'IVG est l'aboutissement de longs débats au Parlement et particulièrement au Sénat, où une partie de la droite étaient réticente, dont le président Gérard Larcher.
[avec AFP]
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