Ces 13 organisations de soignants s’opposent à une légalisation de l’aide active à mourir
Alors que la convention citoyenne devant orienter le Gouvernement sur ses choix en matière de fin de vie s’achève, treize organisations professionnelles et sociétés savantes* ont rendu, le 16 février, un avis éthique sur le sujet, intitulé "Donner la mort peut-il être considéré comme un soin ?"
À l’origine de ce travail en commun ? L’avis n°139 du Comité consultatif national d’éthique (CCNE) daté du 13 septembre 2022, considéré comme actant "un changement majeur d’approche". Celui-ci a en effet proposé au législateur un cadre permettant la légalisation du suicide assisté, et ouvert la porte à une "forme d’euthanasie d’exception". Partant du principe que les incidences "de la légalisation d’une forme de mort administrée" sont "principalement soignantes", les organisations ont souhaité "confronter concrètement leur pratique et leur éthique soignantes aux perspectives d’une telle évolution".
Dans cette optique, elles ont soumis à leurs membres une grille de tâches médicales correspondant au processus d’euthanasie et de suicide assisté : "recevoir la demande initiale de la personne", "recueil du consentement de la personne", "administration de la substance létale", etc. En tout, 14 étapes ont été listées.
Un refus de la "démarche euthanasique"
Il résulte de la consultation un refus catégorique de la "démarche euthanasique" et "spécifiquement les actes de préparation, de mise en place et d’administration d’une substance létale". Concernant le "suicide assisté", où le patient accomplit lui-même le geste mortel, l’opposition est moins virulente mais claire : "ces procédés ne peuvent pas être assimilés à un soin" et doivent être "matériellement séparés de la pratique soignante".
Les organisations sont conscientes de la réalité de la demande sociétale. Des demandes de mort "persistantes" existent de manière "exceptionnelle", reconnaissent-ils. Poursuivant : ces demandes "témoignent de l’affrontement entre deux libertés : celle du patient et celle du soignant, qui est aujourd’hui encadrée par un cadre normatif et éthique clair". La légalisation d’une aide active à mourir "remettrait en cause ce cadre" qu’ils jugent garant du "bon fonctionnement du système de santé". Dès lors, pour eux, la réponse positive à cette demande "ne relève pas du soin".
*2SPP, Afsos, Anfipa, Claromed, CNPG, CNPI, Fnehad, MCOORl, SFAP, SFC, SFGG, SNPI, Groupe de soins palliatifs UNICANCER (Fédération des centres de lutte contre le cancer).
[Avec AFP, Le Figaro]
La sélection de la rédaction